Toulon, le 23 décembre 2005

                         Madame Taubira, députée,

     Permettez-moi de vous remercier très respectueusement de mener le combat qui est le vôtre.
     Je pense comme vous que la France n'avait pas à aller coloniser les Amériques ni d'ailleurs les autres continents. Cette action s'est faite le plus souvent dans la guerre, les massacres et la souffrance des populations autochtones.
      Plus grave encore, le recours à l'esclavage est un terrible souvenir de l'histoire et il est bon que cela soit enfin reconnu comme un crime contre l'humanité.
      Ceci dit, cela me permet de vous demander votre avis sur le problème qui me préoccupe.
      Il se trouve que je suis d'origine ariégeoise. Parmi mes 8 arrières grands parents, il y avait 7 ariégeois et une Béarnaise.
J'ai connu dans ma petite enfance, pendant très peu de temps, une arrière grand mère qui ne parlait pas le français mais seulement ce qu'on appelait alors le patois. Comme elle était très âgée, toute ridée et que je ne comprenais rien de ce qu'elle disait, je la prenais pour une espèce de vieille sorcière.
      Bref, je suis obligé aujourd'hui de constater que le peuple occitan a été colonisé, privé de sa langue et de sa culture. Cette colonisation s'est bien sûr effectuée comme d'habitude dans l'oppression, les massacres, la souffrance des populations.
La répression des Cathares, les guerres seigneuriales, la domination du pouvoir central des peuples d'oil du nord ont imposé une langue et une culture différente de celle d'origine.
      Malheureusement, le mal étant fait, je pense qu'il n'est plus possible de revenir en arrière. On ne peut que garder la souffrance de ce souvenir cruel de l'histoire.
      Par contre, dans un souci de nécessaire justice et de réappropriation de la dignité, je pense qu'il serait bon qu'une loi votée par le Parlement reconnaisse ce drame de l'histoire.
      Quels en seraient les termes ? Faudrait-il considérer qu'il y a là crime contre l'humanité ?
Je laisse la sagesse de nos représentants en décider.
      Je me permets donc de vous demander votre opinion sur la question ainsi qu'éventuellement votre appui (ne serait-ce que moral).
      Je vous prie d'accepter, Madame la députée, l'expression de mes respectueux sentiments.

rené SERVAT

Explications.
     J'envoie donc cette lettre ce jeudi 23 décembre 2005.
Elle est complêtement écrite au second degré. Mes opinions sont totalement le contraire de celles énoncées.
Je partage complêtement, avec Françoise Chandernagor, la dénonciation des lois mémorielles que Mr Gayssot (Communiste !!!!) a inaugurées en 1990.
    En conséquence, j'abhorre les idées de Madame Taubira qui pense avoir trouvé un bon créneau pour sortir de l'anonymat politique.
Alors, que répondra cette dame ? Le suspense est entier.
Je croyais que mon discours était crédible et pouvait recevoir une réponse favorable de Mme Taubira. Mon épouse prétend que non et que la supercherie est évidente.
Bref, Mme Taubira a 2 raisons de ne pas répondre :
    en doutant de la sincérité de la lettre
    en se contrefichant d'un contentieux historique différent de ses marottes, bien que moralement identique.

Je vous informerai plus tard de ce qu'il sera advenu.
Plus tard en 2009 : Rien n'est bien sûr advenu mais je n'avais pas la naîveté d'en penser autrement.
Si je ne suis pas naîf, je suis un peu prétentieux car à la relecture, je ne suis pas mécontent de ma lettre de 2005