Présidentielle 2007

Toulon, le 29 mars 2007

    Je ne me sens pas réellement concerné par les prochaines présidentielles 2007.
Ca ne m'empêche pas de suivre le déroulement de la campagne avec intérêt. Comme un excellent spectacle plein de suspense.
La raison est que j'ai décidé de ne pas voter.
C'est ce que je fais déjà, depuis quelques années, pour toutes les sortes d'élection.
On me dit que c'est très vilain : une absence de civisme certaine, un manque de maturité navrant (!! à mon âge!!), une irresponsabilité impardonnable.
Tant pis, j'assume.
Et même j'explique.
C'est que je suis en total désaccord avec les pratiques et les idées politiques de la France.
Finalement, je me sens un peu moins français qu'avant.

1) Tout d'abord, c'est l'organisation générale de notre Démocratie que je critique au niveau du fonctionnement des institutions.
C'est que je suis un partisan inconditionnel du Bipartisme.
Je m'afflige, en France, de la multiplication des partis et des courants. Des écologistes en pagaille, des trotskistes au nombre de 3 alors que plus personne ne s'intéresse à Trotski voire Lénine et même Staline, des ruraux, des anti-libéraux, des écolos, des chasseurs ...etc. N'en jetez plus. La coupe est pleine.
Un Bayrou éminemment sympathique mais dont la perversité de la démarche est parasitaire.
Bref, je suis grand admirateur des systèmes bipartistes à l'anglo-saxonne.
Juste le choix entre deux candidats, l'un plus ou moins libéral et conservateur que l'autre. Comme aux Etats Unis avec les Républicains et les Démocrates. Comme en Grande Bretagne avec les Conservateurs et les Travaillistes.
Ainsi, chez nous, le choix entre Sarko et Royal suffirait.
Evidemment, les "petits candidats" français n'ont heureusement aucune chance, mais ils influencent parasitairement les postures des 2 grands qui doivent rectifier parfois idées et discours en fonction des banderilles qui leur sont administrées.
La solution : Un système uninominal majoritaire à un tour (comme en Angleterre) pour les législatives. Un mécanisme qui lamine la création et le développement des petits partis.
Du coup, le bipartisme législatif peut se répercuter sur les présidentielles.
Pour moi, le système de la Proportionnelle est désastreux.
Exemple : Comme la proportionnelle existe pour les élections européennes (voire pour les régionales) , cela donne des moyens, des ailes, des ambitions personnelles à de multiples courants d'idées lesquels, s'ils sont tous aussi respectables et même sympathiques que les autres, rendent un pays ingouvernable et velléitaire.
    Cette idée m'est restée de mon vécu de la quatrième République française.
Une instabilité chronique débouchait sur une incapacité d'action navrante.
Les bonnes décisions n'étaient jamais prises.
L'irresponsabilité était totale. Un désastre.
Alors on faisait la guerre sans savoir l'arrêter : En Indochine, en Algérie ...etc.
La monnaie était toujours en état de dévaluation.
Le commerce extérieur toujours en déficit.
Le personnel politique ne pensait qu'à son propre intérêt personnel, matérialisé par la nomination à un secrétariat d'état voire à un poste de ministre puisque les gouvernements se succédaient tous les 6 à 12 mois. Chacun avait sa chance de promotion dans les nouvelles équipes. Le meilleur moyen était de créer son propre parti (tout petit au départ). (Comme par exemple Mitterand (UDSR ?) qui s'est toujours affiché excellent stratège).
A titre personnel, ce ne fut donc pas drôle de me retrouver (par la faute des dirigeants politiques ...proportionnalistes du moment) au service militaire pendant 28 mois, à participer à la guerre d'Algérie, contre laquelle je me prononçais parce qu'on la savait perdue d'avance. Quel gachis !
    Mais après tout et heureusement, les présidentielles françaises sont relativement bipartistes avec le second tour.

2) Ma seconde critique concerne les choix proposés par les candidats. (du moins pour les 2 "grands").
    Désormais, un candidat présidentiel se doit de devenir un père Noël.
    Une des premières fois, c'était avec Mitterand qui promettait de "changer la vie". C'était vraiment nous prendre pour des imbéciles. J'avais bien sûr voter pour lui avec enthousiasme, mais cela est une autre histoire que je n'ai pas l'humeur de développer ici. Il y avait à cette époque un tas de raisons de le faire. Pas toutefois celle d'approuver la première décision qui avait été prise, à savoir l'augmentation d'une cinquantaine de sièges à l'Assemblée Nationale pour les Législatives qui s'annonçaient. Histoire de caser les petits copains.
Le moyen du changement en 1981, du moins dans l'ordre économique, était la nationalisation d'une grande partie de l'économie. Ce qui fut fait. C'était les communistes qui l'avaient demandée car chacun sait que ce sont de grands experts en économie.
Et ce qui fut défait 20 ans plus tard par tout le monde, y compris par Jospin.
Raté. On n'engagea d'ailleurs jamais de débat sur cette erreur économique Ca n'aurait servi à rien. Alors sans regret.
Jospin, qui, par ailleurs ne s'en tira pas mal dans la gouvernance du pays, servi tout de même par une conjoncture économique internationale favorable, commit à son tour la grande faute de revêtir le manteau rouge du Père Noël.
Il inventa les ...35 heures. La France fut le seul pays au monde à appliquer une telle législation. C'est qu'on est vraiment les champions.
On est à la pointe du progrès.
On est vraiment plus fort que les autres.
Déjà champion des Droits de l'Homme, également de Football, des Lois Mémorielles, du Droit Opposable bientôt en tout domaine. Bravo les Français.
Bien sûr, maintenant, toujours champion du monde des 35 heures pour un titre revendiqué par ....personne, on a le mauvais goût de pleurnicher à longueur d'années sur les délocalisations.
Revenons à nos Présidentielles 2007.
C'est que ceci explique cela.
Chaque candidat nous fait donc de grandes et nouvelles promesses. Un nouveau titre de champion en vue ?
Ca m'est intolérable.
Car le problème numéro un de la France est celui de ses déficits.
J'aurais donc voulu un candidat qui nous dise :
"Je promets de supprimer le déficit du budget de l'Etat en 2, 3 voire 4 ans. (Le déficit avoisine les 3%)
Je veux même rendre le budget excédentaire.
Pas pour la beauté de l'art.
Pourquoi alors ?
Pour rembourser l'énorme Dette Publique (+ 60% de Pib) que nous avons accumulé au fil des ans".
Après cette lourde et difficile tâche, on pourra peut-être redevenir un peu Santa Klaus.
En effet, cette Dette actuelle a pour scandaleux résultat de nécessiter la faire payer à nos enfants et petits enfants.
Moi, j'ai 4 petits enfants. Je les adore. Je préfère leur faire des cadeaux plutôt que leur demander plus tard de rembourser les dettes que j'ai pu faire.
J'aurais donc voulu que le candidat m'annonce vouloir diminuer et supprimer la Dette Publique. Et qu'il m'explique comment.
J'aurais aimé au passage qu'il me renseigne sur les moyens de supprimer le déficit de la Balance Commerciale, celui de la Balance des Paiement, celui de l'Unédic, celui de la Sécurité Sociale, celui du régime des Retraites. Je dois en oublier.
Non, le candidat s'en fiche. Il veut supprimer les droits de succession, donner une allocation d'autonomie aux étudiants, faire un bouclier fiscal, bref promettre tout ce qu'on veut bien lui demander.
Le père Noël, je vous dis.
Il se fiche des déficits et ......de moi.
Puisqu'il en ai ainsi, je ne voterai pas pour lui.
Chacun de son côté.
Perso.

3) Une troisième raison importante justifie ma position : Une espèce de Pensée Unique règne dans ce pays.
Mon esprit libre et contestataire a du mal à supporter ce carcan.
Le développement des lois mémorielles en est un exemple. C'est une atteinte insupportable à la Liberté. Un candidat que je ne nommerai pas, par charité chrétienne, s'engage même à les développer.
Les appréciations à la mode sur l'Histoire, sur les Idées voire les Personnes en sont d'autres.
Je ne développe pas pour l'instant. Mais une espèce de chappe de plomb se renforce au fil des ans. Ce pays n'est plus tout à fait le mien. "Ma France à moi" est différente.
Mais après tout, ce n'est pas grave. Ca ne m'empêche aucunement de pianoter sur le Net, d'aller faire mes compétitions de bridge et de recevoir dans ma maison de famille, à Toulon, Victoire, Paul-Antoine, Madeleine et Joseph.
Ca, c'est vraiment l'important.