Mes paradis perdus.

 

  Daniele et moi sommes de grands voyageurs et nous sommes obligés de constater que de magnifiques paradis sur terre que nous avons visités ont disparu à cause de la folie des hommes.
Le plus souvent, à cause de la folie et de la barbarie totalitaires des extrémistes musulmans. Pas seulement.

Les Halles de Baltard en 1971

les Halles de Baltard dataient de 1863. C'étaient les plus grandes du monde. Un chef d'oeuvre de l'architecture métallique de la fin du du 19ème siècle.
A notre goût, elles étaient emblématiques de l'histoire architecturale et mémorielle de Paris à l'égal de l'île de la Cité, de la cathédrale Notre Dame, de place des Vosges, de la Tour Eiffel....etc.
Georges Pompidou est le grand responsable de la démolition. En tant que Président de la République, il avait le pouvoir de laisser démolir ou de sauvegarder le monument.
Dérisoire situation quand on sait que le dit Pompidou de malheur était présenté comme un fin lettré, Normalien, ami des arts et de la peinture moderne en particulier. Sans doute avait-il oublié de lire Emile Zola qui situait à Baltard l'action de son livre "Le ventre de Paris".
Etudiant à Paris à l'époque, peu au courant du projet de destruction, ne connaissant même pas le nom de Baltard, un soir, au coin d'une rue voisine, des personnes tenaient un petit stand pour proposer la signature d'une pétition dénonçant la démolition programmée. Convaincu, j'avais aussitôt signé le cahier.
Peine perdu. Accablement total. Profonde désolation.
De 1971 à 1973, tout fut détruit. Le temps pour Marco Ferreri d'y tourner des scènes fastueuses de "Touche pas la femme blanche" et pour Roman Polanski, idem, pour "La locataire".
Les Anglais, eux, ont conservé Covent Garden à Londres, beaucoup plus petit que nos Halles, et en ont fait un centre d'animation connaissant un magnifique succès.

Les Bouddhas de Bamiyan en Afghanistan.
   C'était en 1981. Daniele et moi avions pris un billet d'avion au merveilleux Point Mulhouse de Maurice Freund.
Je connais un peu Maurice pour l'avoir rencontré et lui avoir parlé 2 fois, à Orly en partance pour le Yémen et dans un avion pour Gao. Une sacré personnalité.
Donc, aller Paris Kaboul, retour 4 semaines après New Delhi Paris.
Entre temps, on se débrouille tout seul comme des grands que nous sommes. Il faut bien se flatter un peu au passage pour nous donner du moral, surtout après ce qui va suivre.
Donc, une petite semaine à Kaboul, le temps d'acheter un chadri plissé et grillagé bleuté pour Daniele, au grand Bazar. De faire plein de connaissances sympas chez les vendeurs de Chicken Street. De déambuler avec nos amis du moment, un jeune couple d'Espagnols très sympas : Maria et Ramos.
Un soir, à la nuit tombante, des amis commerçants de Chicken Street sont tout fiers de nous emmener tous les quatre sur une grande place centrale où les familles Afghanes très nombreuses se promènent en prenant le frais.
Tout à coup, sans que l'on sache ce qui arrive vraiment, un vent de panique souffle sur notre petit groupe. Les hommes se mettent autour de nous pour nous protéger. En catastrophe, ils nous poussent et arrivent à nous faire monter dans leur voiture.
Une famille rivale, peut-être des commerçants voisins jaloux, est prête à nous attaquer. La voiture démarre en trombe. Par la fenêtre arrière ouverte, un assaillant lance violemment une pierre qui blesse à la tête notre copine Maria. Ouf, on a eu chaud.

    Au bout de quelques jours, nous avons des fourmis dans les jambes.
Achats de deux tickets de bus local pour Bamiyan à 230 km à l'ouest. Nous continuerons plus tard vers Band-e Amir.
Dans le car, nous sommes les seuls occidentaux comme ça nous arrive le plus souvent. On fraternise avec tout le monde. On remercie pour les fruits, les gâteaux que l'on nous donne. Daniele offre des échantillons de parfum aux dames en échange. Les Afghans sont très gentils.
Arrivée à Bamiyan le soir.
On est dans une grande vallée, des montagnes sur les côtés.
Un hôtel nous accueille. On mange avec une petite bande de jeunes routards français: une platée d'oeufs dans une grande assiette noyés dans une huile surabondante. Un peu écoeurant.
On rejoint notre chambre. Je suis malade. Je vais vomir dehors. Ce sont les oeufs qui devaient être avariés. Ou l'huile qui provient peut-être du .......réservoir d'un tracteur?
Pendant une petite semaine, je serai patraque. Je n'arrive plus à manger. Tout me dégoûte. Je maigris. Le moral à zéro. J'envisage de repartir en France si ça ne s'arrange pas, Ca s'arrangera.
Le lendemain, nous partons visiter les Bouddhas.
Inscrits bien sûr au Patrimoine Mondial de l'UNESCO. Grandiose. Merveilleux.
Il y a le grand Bouddha de 53 mètres de haut au fond d'une niche aménagée dans une falaise de grès.
Il y a le petit Bouddha de 38 mètres de haut dans sa niche à côté.
Il y a le Bouddha Kakrak, 10 mètres de haut à 4 km des premiers.
Ces sculptures étaient colorées au carmin à l'origine et ont été construites entre 300 à 700 AJC.
C'est le salopard Mohamed Omar qui a donné l'ordre de destruction en 2001.
Il a fallu plusieurs mois de tirs d'artillerie pour terminer l'abominable carnage. Le Japon s'était investi pour intercéder auprès d'Omar pour proposer de démonter les Bouddhas et les transporter ailleurs. En vain. Retenez le nom de ce grand criminel Mohamed Omar encore qu'il mériterait plutôt d'être oublié de façon à faire comme s'il n'avait jamais existé. A l'égal d'Erostrate incendiaire du Temple d'Artémis à Ephèse.
Maudits soit l'événement et le jour de sa naissance.
Dommage qu'il n'ait pas connu le Grand Cioran qui aurait pu lui dire "Si l'on pouvait se voir avec les yeux des autres, on disparaîtrait sur-le-champ."

Pâques 1995 – Tombouctou
   Super nouveau grand voyage. Billets d'avion avec le Point Afrique qui a remplacé le point Mulhouse.
Lyon-Gao au Mali aller et retour.
Des célébrités dans l'avion: Maurice Freund lui-même qui accompagne un grand chargement d'aide humanitaire. Tiens , il a une nouvelle copine très amoureuse de lui qui habite Avignon et avec laquelle on fraternise.
Il y a la veuve de Bellavoine, super sympa, qui s'occupe d'aide humanitaire aussi.
Il y a un aventurier kinési.......toulonnais que je connaissais de nom pour avoir lu des articles sur ses exploits sur Var-Matin. Il part à Gao pour aller faire de la planche à surf.......sur les dunes roses. Ceci dit, il n'est pas très sympa et assez imbu de sa personne.
Dès la sortie de l'avion, sur un aéroport minimaliste, un 4/4 nous conduit au petit port sur le Niger où nous embarquons sur une pinasse pour Tombouctou à 350 km.
Départ deux heures après.
Super voyage: Le soir on dort à même le sol dans nos sacs de couchage sur le sable des dunes. Un peu dur pour le dos. Pourvu qu'il n'y ait pas de scorpion. Y en aura pas.
Dans la journée, l'équipage malien achète du poisson tout frais à des pêcheurs sur leur barque au milieu du fleuve. La cuisinière nous les prépare avec un sauce savante. On croise des hippopotames goguenards qui nous regardent passer. Ils exagèrent, on n'est pas des trains. Je provoque une mini émeute dans un village en voulant distribuer une valise de livres apportés pour le don.
On arrive à Tombouctou.
Un avant goût de l'Atlantide.
Une petite ville de 15,000 habitants dans le Sahel qui semble disparaître sous la poussée des sables. Comme la chèvre de Mr Seguin, résistera-t-elle longtemps ? Surtout si les talibans africains d'Ansar Addine s'en mêlent.
Ils s'en mêlent.
Le sable envahit tout. Comme les islamistes. Les jours de tempête de sable, ça doit être terrible.
Nous, nous avons connu la ville sous un magnifique soleil.
Nous résidons à l'hôtel Asalaï/Sofitel. Asalai est le nom donné aux anciennes caravanes de barres de sel à travers le Sahara.
Dans les jardins bien entretenus, je « pique » une plante grasse rare que je ramènerai dans un pot de yaourt à Toulon, Depuis, la plante a fait des petits chez moi et nous gratifie de magnifiques grappes et clochettes de fleurs. Je viens d'en donner une bouture à mon amie Marie-Ange. Elle craint le gel (Pas Marie Ange mais la bouture) et je la rentre dans ma véranda le temps de l'hiver. Elle me rappelle mon voyage.
A l'hôtel Asalaï, Daniele a un jeune copain touareg. Il est magnifique. Il porte une grande cape ou robe d'un très beau bleu, une chéchia savante autour de la tête, des yeux maquillés au Khôl. Un vrai seigneur.
C'est la nuit. On regarde ensemble le beau ciel étoilé. Daniele lui explique qu'en Occident, on envoie des cosmonautes sur la lune. Il ne savait pas.
En occident, les femmes savent lire et écrire. Oui. Elles n'obéissent pas forcément aux hommes. Cela le plonge dans une profonde crainte.
« Mais moi alors qui ne connaît pas grand chose, je ne pourrais jamais trouver une femme dans un tel pays ».
On l'aime bien. On lui donne un petit transistor qui traîne dans nos affaires.
Le lendemain, on le retrouve habillé normalement en jean et tee-shirt. Il est tout à fait ordinaire et n'est plus un seigneur. Grandeur et Décadence.

Visite des maisons de de Gordon Laing, de René Caillé et de Heintich Barth. Idem pour les vieux mausolées, les mosquée Djingareiber et Sankoré. Ces monuments rustiques autant qu'anciens renferment des textes, des bibliothèques millénaires qui font le bonheur des érudits. Ils sont les vestiges de l'époque où la ville était la reine des universités coraniques, la capitale du monde Afro-musulman.

Et bien en 2013/2014, les « talibans» africains d'Ansar Eddine se sont emparés de Tombouctou.
Ils se sont empressés de couper les membres de prétendus voleurs en application de la charia.
Ils ont obligé les femmes à porter des gants et des chaussettes. Puis en ont lapidé quelques unes.
Ils ont interdit la bière, la musique, le football …..etc
Ils se sont mis à démolir des mausolées et autres tombeaux anciens ainsi qu'à brûler des manuscrits millénaires.
On les a vus à la TV avec leurs pioches en train de tout massacrer.
L'horreur. La honte totale. Un converti breton français faisait partie de la bande. La Barbarie en action. Le système nazi réinventé.
Et oui. Un paradis un peu perdu.

Alep en Syrie- 2010
   En 2010, nous parcourons la Syrie et la Jordanie de long en large avec les grands bus locaux qui sont d'ailleurs très modernes et confortables.
Rien à voir avec les petits bus brinquebalants et rafistolés en Inde, en Afrique, à Haïti il y a 30 à 40 ans.
On visite des sites classés au Patrimoine Mondial de l'UNESCO. Il y en a à tous les coins de rue.
En gros, Damas, Bosra, Amman, la Mer Morte, Pétra.
Puis on remonte vers le Nord avec Homs, Alep, Deir Ez Zor, Palmyre. Que demandez de mieux ? Impossible.
Tiens, parlons d'Alep.
On part un matin d'Amman. On voulait faire escale à Damas mais voilà qu'à la gare routière de cette ville, un nouveau bus rutilant se prépare à partir pour Alep. Changement de programme improvisé. On prend ce second car. On arrive la nuit à Alep.
Le bus nous débarque dans un endroit inconnu. Léger instant de panique. Comment trouver le quartier des hôtels ? A droite ? A gauche ? Devant ? Derrière ? Comment demander à des Alépiens qui ne comprennent rien de ce qu'on leur dit. On ne peut même pas expliquer à un chauffeur de taxi parlant uniquement le syrien, c'est à dire l'arabe, l'endroit que l'on ne connaît pas où nous voulons aller.
Et bien miracle, ou débrouillardise. On arrive tout de même au centre, à pied, on ne sait trop comment, près de la Tour de l'Horloge.
2 à 3 hôtels recommandés par le Guide du Routard sont pleins.
On en trouve finalement un autre quelque peu sordide. La chambre possède une T.V. juchée dans les hauteurs du plafond, à se tordre le cou pour admirer les lascives danseuses orientales.
On y restera quelques jours.
Bizarre cet hôtel. En pleine nuit, un grand bruit de discussion nous réveille. On prend notre mal en patience. Il est peut-être 3 ou 4 heures du matin. C'est tout de même insupportable. En totale opposition à ma conduite habituelle de profil bas en pays étranger, je me vois sortir de la chambre en tenue légère et rencontrer une dizaine de jeunes et grands gaillards en tenue musulmane et sans doute Islamistes rassemblés sur les canapés du séjour, en grand débat. Politique ? Religieux ? Terroriste ? Sont-ce des Daech avant l'heure ? D'une voix très respectueuse et avenante dans la crainte de me faire massacrer, je mime une demande d'envie de dormir et d'un discours moins bruyant. L'assemblée ne m'est pas hostile, me sourit et commence à chuchoter. Tout à la joie d'être toujours vivant, je regagne mon lieu de repos.
Le lendemain, on se précipite dans les magnifiques souks qui montent à la Citadelle via la Grande Mosquée.
Un émerveillement.
Des avenues , des ruelles, des Ryads comme à Marrakech, des cours bordées de Caravansérails comme à Istanbul, des Fonduks comme à Djerba.
De la nourriture, des tissus, des bijoux, des ustensiles à foison, bref tout ce qu'il est possible de vendre et d'acheter. Partout du savon (d'Alep bien sûr) de toutes les formes, de toutes les couleurs, de toutes les senteurs.
Comme d'hab., on se fait un tas d'amis.
Par exemple un grand syrien de plus de 1,85 m aux larges épaules et aux hanches très étroites. Il parle assez bien le français. On est obligé de le suivre dans son petit magasin de bijoux sans intérêt pour nous. On discute autour d'un thé à la menthe. Il nous montre des photos. Il est champion de Syrie de ….......boddy building et les photos le montre en train de recevoir un prix des mains de Bachar El Hassad en personne. Sa musculature est à la fois impressionnante et fine. On le regarde avec des yeux nouveaux. Sous sa chemise et son jean, on devine sa splendeur que l'on avait pas détectée auparavant.
A un autre moment, on fait connaissance de deux jeunes frères qui vendent des tissus. L'un d'eux, plus extraverti que l'autre, parle parfaitement le français. Il est beau, très rieur, super sympathique. Il nous raconte une histoire invraisemblable. Il aurait connu une française avec laquelle il se serait marié. Elle travaille avec lui dans l'import export du savon d'Alep avec la France. Il serait venu en France dans le pays de sa belle, à Sanary, donc tout près de chez nous. On n'ose le croire tant l'affabulation est un sport national dans les pays de ce genre et tant l'histoire semble extraordinaire en ce fin fond des souks de cette ville si lointaine d'Alep. Il sort des photos de son portefeuille. Grand étonnement de notre part. On le voit avec son frère, sa jeune femme, sur la côte près de Toulon. Il n'y a aucun doute. On échange noms et adresse email. On se prend en photo.
Au retour, je m'empresse de lui envoyer nouvelles, photos, invitation mais je serai un peu surpris et déçu de ne pas avoir de réponse.
Qu'est-il devenu ?
Sur la gauche en montant, il y a la Grande Mosquée. Son minaret de 45 mètres qui penche légèrement date de 1090. Son portail est en forme de coquille Saint Jacques. On peut y pénétrer et la visiter, à condition que Daniele revête un grande robe blanche qui lui est prêtée gratuitement. Sa cour intérieure est d'une grand blancheur sous le soleil. Nous sortons nos lunettes noires. On peut visiter l'intérieur et regarder les fidèles prier sur les reliques de Saint Zacharie. On prend des photos.
En montant plus encore, on trouve la magnifique et énorme Citadelle datant du 10ème siècle. Le guide du Routard fait une grosse erreur en lui accordant 2 étoiles. Elle en vaut 3.
Et bien, toutes ces splendeurs ont été démolies dans la guerre en Syrie. Le minaret à terre, les souks ravagés, les Riad et les caravansérails déchiquetés. Je ne sais pas si l'on s'est attaqué à la citadelle.
La faute en est à la guerre entre le régime de Bachar el Hassad et les rebelles encouragés et sponsorisés par l'Occident Otanien. Très intelligent. Attention, c'est une litote.
Une fraternelle rivalité dans l'abjection des horreurs, des tueries et des démolitions oppose les Al Quaïda et les Daech. Les rebelles dits modérés ont disparu de la circulation.
Je ne résiste pas à faire un peu de politique en disant qu'un 3ème larron peut être ajouté à ces ennemis de l'Humanité, à ces crapules,  en la personne de......George Bush.
C'est lui qui a entrepris une guerre à 12.000 km de son pays contre le régime Syrien de Sadam Hussein, sous un prétexte totalement fallacieux. Il a entraîné avec lui une cohorte de laquais avec l'anglais Tony Blair, l'italien Berlusconi, l'espagnol Aznar, le polonais Machintruski et bien d'autres.
Il est responsable d'avoir causé la mort de plusieurs centaines de milliers de personnes. Il a réussi ensuite à créer l'antagonisme voire la guerre entre les chiites majoritaires en Irak et les sunnites minoritaires mais détenteurs du pouvoir sous Hussein.
Il est la cause de l'embrasement de tout ce Moyen Orient qui voit l'affrontement entre le monde chiite de l'Iran et celui des sunnites de l'Arabie Saoudite.
Il est responsable de la naissance du sordide califat Daech, du renouveau d'Al Quaïda.
Le régime nazi bientôt dépassé en horreur, en massacre, en destruction des vestiges des premières civilisation du Monde.
Oui, le premier responsable est le parfait démocrate George Bush et sa clique avec leur faux prétexte de vouloir punir quelques autocrates ou même tyrans bien moins inoffensifs qu'eux mêmes.
Voilà. C'est la Vérité.
De rares voix (anglo-saxonnes) se sont élevées contre ces crimes contre l'Humanité et pour la traduction de ces leaders occidentaux devant le Tribunal International. Bien sûr que la chose est impossible.
Et il n'est même pas certain que le Tribunal de l'Histoire du Futur établisse la responsabilité de ces démocrates criminels de guerre.
Face à ces beaux messieurs, il nous vient à l'esprit cette phrase de Cioran : " Le grand tort de la nature est de n'avoir pas su se borner à un seul règne. A côté du végétal, tout parait inopportun, mal venu. Le soleil aurait du bouder à l'avènement du premier insecte, et déménager à l'irruption du chimpanzé."

Srinagar Inde vers 1981.

  Voyage Routard dont on a déjà parlé. Arrivée à Kaboul en avion.
Bus pour Peshawar au Pakistan par la fameuse Kyber Pass. Changement de bus pour Lahore.
C'est la nuit, il est bien 3 heures du matin. Réveil soudain à cause d'un grand bruit dans le bus. Que se passe-t-il ? On a cassé le moteur ? On tombe dans la vallée ? Non. Rien de tout cela. On est seulement sur un grand pont métallique en train de traverser l'Indus, sous la lune.
Arrivée à Lahore au petit matin. On part visiter la mosquée. Des gamins nous lancent des pierres. Les adultes laissent faire. Nous ressentons un climat d'insécurité. Nous rebroussons chemin courageusement.
Le lendemain, départ pour Amritsar en Inde, la ville des Sikhs et son magnifique Golden Temple.
Continuation du voyage par une route un peu vertigineuse dans les contreforts de l'Hymalaya jusqu'à Srinagar au Cachemire indien. Les passagers indiens du car "caquettent" abondamment.
Parfois le bus passe dans un passage étroit, dangereux, avec un vide vertigineux himalayen sur un côté de la route. Il faut rouler sur de grandes planches posées au sol. Un silence de mort s'établit alors dans le véhicule. Ca passe? Ca se renverse? Ouf. Oui, on a réussi. On continue la route. Le rires et les conversations reprennent.

A cette époque, Srinagar est un petit paradis sur terre, « La perle du Cachemire, une très belle ville construite sur l'eau » dit le Guide du Routard sans se tromper. Un peu une Venise en Cachemire.
On loge dans un House-Boat très confortable sur le fleuve Jhelum, tout près du centre ville.
Nos voisins américains du House Boat d'à côté, passablement défoncés, nous invitent à fumer du shit avec eux. On n'ose pas refuser, même si ce n'est pas notre tasse de thé. Faut-être poli.
Ensuite on se balade sur le lac Nagin en sikhara naviguant entre les lotus et dérangeant de nombreux martins-pêcheurs. On monte au fort Hari Parbat construit à partir de 1590 .
On prend un taxi avec un jeune couple d'indiens très classieux, en voyage de noce dans la ville, pour les jardins Moghols de Shalimar datant de 1619.
Bref, un rêve.

Une histoire un peu extraordinaire nous arrive.
Un midi, nous sommes en train de déjeuner au Resto de la ville.
Tout à coup, dans la cour parking, sur le bas, des coups de klaxon rageurs se font entendre. Des cris éclatent. Une grave dispute est en train de naître.
On se rend à la fenêtre pour voir.
Une grande Peugeot est en train d'essayer d'entrer dans la cour et un litige dont je ne me souviens plus la cause est intervenu.
Détail extraordinaire : la voiture a une immatriculation française département......83 soit le Var, le nôtre.
C'est un jeune français avec une dame plus âgée qui se trouve dans cette mauvaise passe.
Le conflit s'apaise. Les deux français entrent dans le resto. On leur parle. On les invite à notre table. Ce sont deux toulonnais. Le jeune arrive de Toulon avec sa Peugeot. La dame est sa mère, prof au collège de Pont du Las. Elle a rejoint son fils en avion à New Delhi et est remontée à Shrinagar avec lui.
On sympathise. Excellente rencontre. On échange les adresses.
Mais Toulon est une grande ville. On ne les a jamais revus.

On sait que les rêves ont une fin et même qu'ils se transforment vite en cauchemar.
C'est ce qui est arrivé à Srinagar.
Il faut dire que le tord du Cachemire est d'avoir une population musulmane majoritaire.
Celle ci avec l'aide de ses cousins du Cachemire pakistanais n'a pas manqué de créer du désordre, des attentats, du terrorisme.
Il y a désormais un climat de guerre larvée dans le Cachemire.
Le tourisme a totalement disparu de Srinagar et c'est bien dommage.
Oui, un paradis perdu.

 

Sanaa vers 1980
   C'est Bernadette la responsable.
Elle est brillante prof d'anglais au lycée BeauSite à Nice. C'est une grande copine qui m'héberge quand je vais faire passer les épreuves de BTS là bas. Salut les radins. La honte.

   Et bien, elle me présente un jour son ami du moment, Claude Courchay. C'est un prof de français à Marseille, complètement anar, soixante huitard, maoïste (pas très original).
Elle l'a connu dans un salon du livre à Nice. C'est qu'il est jeune romancier. Il est patronné par Simone de Beauvoir qui a détecté son talent. Il la rencontre une fois par mois à Paris. Un néo-existentialiste que le Monde présente comme un jeune espoir de la littérature française.
Moi, j'adore ses livres par goût profond et non pas parce que c'est quelqu'un que j'ai connu.
Son livre "La soupe chinoise" chez Gallimard, raconte des histoires d'un prof soixante huitard. "Avec des coeurs acharnés..." s'intéresse à la communauté de la troupe de théâtre l'Attroupement. "N'oubliez pas la lutte des classes" est consacré à ses amours avec Bernadette. Quelle gloire pour elle !!!!
Ensuite, Claude abordera des romans provençaux façon Giono/soixante huitard, avec une intrigue policière dont le best-seller « Retour à Malavel » qui fit par ailleurs l'objet d'un excellent téléfilm.

Une autre fois, Bernadette me présente Robert.
C'est son ex mari.
Il est brillant prof d'anglais à Nice.
Ils se sont connus étudiants à la Fac de lettres de Toulouse.
Ils se sont mariés et sont partis faire les profs à la Guadeloupe.
Ils y ont fabriqué leur fils Frédéric. Ils y ont divorcés.
Ils sont revenus à Nice.
Ils sont tous les deux extrêmement .........beaux.
Lui est devenu un play boy très connu et apprécié de ces dames et demoiselles de la Côte d'Azur.
Il est très sportif. Ancien champion de la Guadeloupe de tennis. Champion de plongée en apnée.
Il nous invitera chez lui, plus tard, un mois, au Moule, en Guadeloupe, où il est retourné enseigner.
Des vacances de rêve avec sortie journalière en plongée/apnée dans des endroits extraordinaires souvent connus de lui seul.  Il descend facilement à 20 mètres de fond. Il reste 3 minutes en apnée la tête plongée dans une cuvette. Moi, je suffoque au bout d'une minute. Il ressort de nos sorties en mer avec une ceinture pleine de poissons alors que la mienne est vide.
A la maison, on donne des bouts de poissons au chat pour vérifier que nos prises ne sont pas contaminées par je ne sais plus le nom d'un certain parasite coralien. Une demi heure se passe. On appelle le chat. Il arrive. Il n'est pas mort. On peut faire cuire le poisson.
Un jour, il m'emmène la nuit dans le port du Moule pour aller pêcher (plutôt cueillir) des langoustes. On a des lampes frontales. Il me dit :
«Tu me suis. Tu ne me laches pas »
Je m'exécute. De temps en temps, je le vois se retourner pour s'assurer que je suis bien derrière. On ramène 40 langoustes.
De retour à la maison, je lui dis :
« Mais pourquoi tu te retournais toujours pour voir si je te suivais ? »
« C'était pour voir si on n'était pas pourchassé par une grosse bête. La nuit, elles peuvent entrer dans le port »
Il veut parler des requins.
Le lendemain, on transporte les langoustes dans le grand congélateur de notre ami Gilles, en attendant une grande fête de copains pour les manger.

Pas de chance, le cyclone David, un des plus important depuis plusieurs lustres est annoncé.
Dans un premier temps, c'est très rigolo de clouer des planches sur toutes les surfaces vitrées de la maison, ensuite d'attacher la voiture et le bateau aux cocotiers du jardin. On ne lésine pas sur la corde ni sur les noeuds.
Pour l'instant, le soleil est radieux et il n'y a pas un souffle de vent.
La météo se serait-elle trompée en nous annonçant la venue du monstre?
Elle ne s'est pas trompée.
Il arrive. Comme l'apocalypse.
Une tempête terrible. La maison va peut-être s'envoler. Non, elle reste attachée au sol. On a eu de la chance. On reste coupé de tout 3 à 4 jours. Plus d'électricité. Pas le droit de sortir. On attend que ça cesse. Des arbres s'abattent dans les environs. Un bruit épouvantable.
Le plus grave, c'est sans doute le mauvais sort de nos langoustes chez Gilles. Il n'y a plus d'électricité. Le congélateur ne fonctionne plus et il est obligé de manger tous nos crustacés avec sa copine.
Alors ça, c'est le désastre complet.
Je m'en remettrai difficilement.
C'est un regret éternel pour moi.

Revenons en à Bernadette.
Après m'avoir présenté séparément Claude et Robert, elle m'annonce qu'ils ont le projet pour les vacances d'été prochaines de «partir» ensemble avec le Point Mulhouse de Maurice Freund en Ethiopie et au Yémen. Cela me fait sacrement saliver.
« J'aimerai bien me joindre à eux » dis-je.
« Pourquoi pas? Je vais leur en parler. »
Deux mois plus tard, mes nouveaux amis me prennent en voiture à Toulon pour Paris. On laisse le véhicule dans un parking de la résidence de ma cousine Vella à Saint-Cloud. On part se procurer des visas pour l'Ethiopie et le Yemen dans les ambassades.
A Orly, Maurice Freund nous donne les billets d'avion en main propre.
Le lendemain, on débarque à Addis Abéba. Visite de la région d'Addis.
Descente sur Djibouti par le fabuleux train Addis-Djibouti.
Détour au Harar, en cours de route, façon de voir la maison de Raimbault ainsi que les singes d'une vallée voisine. A Harar, rencontre de Soizick et Isabelle, les deux filles super sympas du Directeur du port de Djibouti.
A Djibout, elles nous invitent à manger dans la somptueuse maison de leur père et nous trouvent un logement gratuit avec AC.
On se baigne à Djibout. Jamais je n'ai trouvé une eau aussi chaude encore qu'on y trouve de la fraîcheur par rapport au 45 degrés de la température extérieure.
On peut trouver sur des décharges d'ordures des bouteilles de coca qui ont fondu au soleil et qui présentent des formes surréalistes que n'aurait pas renié notre ami Dali.
Virée à Doraleh. Soizick nous a trouvé un expat. français et même toulonnais qui nous emmène sur son bateau faire de la plongée sous-marine. Je m'y trouverai nez à nez face à une raie Mantua dont on ne saura jamais lequel des deux fut le plus étonné de la chose.
Remontée sur le bateau. Le toulonnais m'engueule vertement comme un gamin parce que j'ai gardé mon fusil chargé par inadvertance sur le bateau. Pauvre con.
Le lendemain, départ pour Taez au Yémen. On est un petit groupe d'une dizaine de garçons et filles avec deux 4/4 du Point et un guide français de l'organisation. Bon, je passe les détails.
On parcourt tout le Yémen pour arriver à Sanaa. C'est moi qui conduis la deuxième Land Rover sur des pistes pas possibles. Un régal.

Après ce très, très, très long développement qui m'a permis de revivre quelques instants magiques, j'en arrive à l'objet de ma rubrique sur les Paradis Perdus. Sanaa est une ville d'une beauté sidérante.
De grandes bâtisses de 5 à 10 étages de haut, peintes en blanc, fenêtres bordées de rouge, ornées de décorations, d'éléments sculptés, de forme toujours différentes et originales rivalisent en beauté esthétique. (Est-ce un pléonasme? Tant pis, je garde). La construction de ses 6.500 bâtiments et de ses 106 mosquées datent du 7ème au 11ème siècle. Une splendeur. On est à une altitude de 2.260 mètres. La ville a été classé au Patrimoine Mondial de l'Unesco en 1986.
A notre époque, la ville avait 200.000 à 300.000 habitants. Elle en a......10 fois plus aujourd'hui !!!!!!!!!
On va y rester 4 ou 5 jours. Un petit paradis de beauté.
Un soir, dans un resto où nous sommes les seuls européens, un notable inconnu nous offre le repas.
En rentrant à l'hôtel, des jeeps de militaires armés jusqu'aux dents nous contrôlent d'un air peu avenant.
Dans un café, on fume le narguilé comme nos amis yéménites d'à côté.
Plus exotique, on s'offre une séance de broutage de Qat tout en constatant un effet extrêmement euphorisant. C'est normal, c'est de la drogue.
On ne se lasse pas de parcourir les rues non macadamisées de ce centre ville avec ses vieilles maisons si surprenantes et si belles.

Et bien, le Sanaa d'aujourd'hui, c'est la guerre.

Le 21 septembre 2014, des rebelles houthistes ont pris la ville. Tiens, on ne les connaissait pas ceux là. Ce serait des alliés de l'Iran.
L'Arabie Saoudite (Vous connaissez? Le pays où les femmes n'ont pas le droit de conduire une voiture) n'a pas l'air d'aimer cela. Des bombardements ont commencé à détruire les bâtiments.
En tout cas, plus possible d'aller là bas en visite pour admirer des chefs d'oeuvre de la civilisation musulmane et se faire de nouveaux amis à la terrasse des cafés. Plus possible d'aller s'encanailler avec nos autres amis, les mastiqueurs de Qat.
Et toujours, des Islamistes excités et extrémistes se chargent de mettre la ville à feu et à sang.
Aux dernières nouvelles, Sanaa subit toujours des bombardements.
La mosquée du 16ème siècle de Taez et son beau dôme blanc est soufflée (29 juillet 2016). L'antique barrage de Marib construit 750 ans avant JC est éventré (fin mai 2015).
Le musée de Dhamar, au sud de Sanaa, qui abritait plus de 12.000 pièce archéologiques de la civilisation himyarite (2ème siècle avant JC) rivale des Sabéens est pulvérisé par un raid saoudien. (23 mai 2015)

Palmyre en Syrie.
Attention. On ne bouge plus. On ne parle plus. Silence total. Comme si on n'était mort. Comme si on n'existait plus.
Les Daesh viennent de s'emparer de Palmyre ce 21 mai 2015.

Le désastre a bien lieu. Fin juin, des bustes funéraires et la statue d'Athéna qui se dressaient à l'entrée du Musée de Palmyre ont été démolis. Le Conservateur du Musée est décapité au passage. Il avait du signifier son opposition à la casse. Fin août, le temple de Baalshamin est anéanti. Le 30 août, le temple de Baal (1er siècle) subi le même sort.

En septembre 2010, Daniele et moi avions fait un voyage "époustouflant" comme je l'écrivais à l'époque. En Syrie/Jordanie. Les top du voyage avaient été Pétra et Palmyre.

Je suis moi-même anéanti. Une immense tristesse. Un chagrin incommensurable.
L'homme est un prédateur impitoyable. Il a l'outrecuidance de voir sa population bientôt atteindre les 10 milliards. Hollande plastronne et se met en valeur en nous faisant croire que la conférence sur le climat est essentielle. Foutaise.

En fait, l'islam est une religion malfaisante. Et il faudra malheureusement quelques centaines d'années pour qu'elle disparaisse

L'Occident n'est même pas capable (ne pense même pas) d'envoyer 4.000 parachutistes sur Palmyre.


Donc, rien à faire. Subir la Barbarie et la Catastrophe. Vivre au jour le jour dans notre belle existence de nanti sans trop regarder à côté. Espérer que nos petits enfants seront du bon côté dans l'obligatoire cataclisme qui ne tardera pas à venir. Comme je l'annonçais dans mon "Journal" de ....2006, avec James Lovelock. Ci-joint la recopie de mon texte de 2006.

"L'anglais James Lovelock.
"La civilisation va disparaître. Avec le réchauffement, la plus grande partie de la surface du globe va se transformer en désert. Les survivants se grouperont autour de l'Arctique. Mais la place manquera pour tout le monde, alors il y aura des guerres, des populaces déchaînées, des seigneurs de guerre. Ce n'est pas la terre qui est menacée mais la civilisation."
Quand aura lieu la crise ? Assez vite. Vers 2050 dit-il. C'est sans doute vrai. Peut-être un peu plus tard, tout de même. On ne dit pas assez que le premier problème mondial est la surpopulation. (la surdémographie) On s'occupe beaucoup de la misère mondiale, du Sida, des catastrophes naturelles, des ONG, du réchauffement climatique...etc.
On parle très peu des taux de natalité démentiels et terroristes de nombreux pays. Or, la terre n'est pas faite pour loger 10 milliards de prédateurs que sont les humains. Ces augmentations de population constituent le plus grand des crimes contre l'humanité.
Il est vrai que cette idée ne plait pas aux ....religions, aux écolos...etc.
Bon, moi je l'aurai dit."