Les Déficits en France.

Novembre 2005.
   La France connaît désormais des déficits de toutes sortes.
   C'est le signe du parfait laxisme de nos gouvernants, qu'ils soient de gauche ou bien de droite.
   1) Le plus exaspérant est le déficit budgétaire.
   Il est actuellement d'environ 3% du produit intérieur brut.
Pourquoi 3% ? Parce que c'est le plafond européen établissant la limite de la déraison.
Beaucoup de pays vertueux, en Europe, ont un déficit nul et même parfois un excédent budgétaire.
Et bien, nous, la France, on est toujours au plafond. On a même frôlé les 4% ces dernières années, nous attirant les remontrances et les menaces de sanctions des autorités européennes.
   Depuis 30 ans, on a pris l'habitude de concevoir un budget déficitaire. Le dernier budget en excédent date de 1975. Les dépenses sont supérieures aux recettes.
C'est vraiment une expression de la facilité, de la démagogie, du laxisme, bref de la mauvaise gouvernance.
On dépense et on ne se soucie pas de savoir comment payer. On verra plus tard. En l'occurrence, le "plus tard" signifie que l'on refile à nos descendants la lourde tâche de rembourser nos prodigalités d'aujourd'hui. L'égoïsme total.
   Parfois, ce problème de déficit prend une tournure qui semblerait cocasse si elle n'était aussi stupide que triste. Il s'agit des grandes polémiques publiques suscitées par les fameuses "cagnottes".
Que sont ces cagnottes ?
Il s'agit de bonnes rentrées fiscales qu'une conjoncture favorable a suscitées. Par exemple, un bonne croissance a amélioré les rentrées de la T.V.A. Du coup le déficit budgétaire va peut-être descendre de 3 à 2,9 ou 2,8%. Alors là , c'est le scandale.
Comment ? Les impôts rentrent bien dans les recettes de l'état ? Il y a donc de l'argent dans les caisses.
Chaque courant politique, chaque corporation, chaque syndicat se lance alors dans l'exigence de l'appropriation et du versement de ce soit-disant pactole.
  En fait, les lendemains seront douloureux. C'est comme un système de vases communicants. Si l'on a toléré 20 ans de déficits à 2% par exemple, il faudra un jour passer 20 ans à dégager un excédant du même pourcentage.
Ca promet.
Les politiciens de demain seront-ils plus raisonnables que ceux d'aujourd'hui ? On peut en douter.

2) Le déficit de la Dette Publique.
C'est la conséquence du déficit précédent.
Quand il y a un déficit budgétaire, il faut le combler. Comment ? En empruntant. C'est la dette publique.
Comme nous venons de voir que nous accumulons les déficits depuis 30 ans, la dette publique augmente chaque année d'autant.
Elle dépasse désormais 60% du P.I.B., ce qui est là encore le plafond établi par le traité de Maastricht.
Nous sommes encore mauvais élève de la classe européenne.
De plus, cette dette publique comporte un sacré effet pervers. C'est qu'il faut en rembourser les intérêts annuels. Les rembourser à l'aide des recettes budgétaires de l'état. Chaque année, le poste "dette publique" augmente
et participe d'autant au déficit budgétaire. Il faut désormais utiliser la totalité de l'impot sur le revenu pour payer les intérêts de la dette.
Le déficit budgétaire augmente la Dette. L'augmentation de le Dette augmente le déficit.
La parfaite illustration du cercle vicieux.
   Disons encore que l'état absorbe 40% de l'épargne nationale.
Et terminons en rappelant que les français se retrouvent avec 1.100 milliards de dettes (2.000 avec les retraites) avec un des plus lourd niveau de prélèvement obligatoire.(44% du PIB).
Bravo, les gouvernements français !!!!!!!

3) Le déficit de la balance commerciale.
En 2005, mauvaise nouvelle. Une de plus. Notre balance commerciale, c'est à dire la différence entre nos exportations et nos importations, est devenue déficitaire, après de longues années d'excédents.
Cela signifie que nos produits industriels ont de la difficulté à se vendre dans le commerce mondial (à la différence de l'Allemagne). D'autre part, notre facture énergétique augmente ainsi que nos achats en Chine.
Bref, ce déficit récent n'est pas le bon signe d'une santé florissante de notre économie.
La persistance du déficit entraînerait l'augmentation de la dette extérieure.

4) Le déficit de l'Assurance Maladie.
   Tous les 2 ou 3 ans, nos gouvernants,
confrontés au faramineux déficit de la Sécurité Sociale, adoptent un plan nouveau sensé résoudre définitivement le problème.
Peine perdue. Comme une flambée de métastases, le déficit repart de plus belle.
   La dernière fois, c'était avec Douste Blazy. On aurait pu penser qu'un médecin parfaitement informé des problèmes de la santé allait enfin avancer dans les solutions.
Grande naïveté ! Encore une réforme pour rien ...ou pour pas grand chose.
Il est vrai que le dit ministre était sans doute davantage intéressé à faire perdurer sinon à augmenter les juteuses rentes des praticiens plutôt qu'à vouloir résoudre les problèmes.
Nul, ce Douste Blazy. D'autant qu'il se sauve quand l'application de sa réforme montre son inefficacité. On ne peut même plus lui demander des comptes.
En définitive, comme toujours, c'est bien le patient qui devra payer.
   Entre temps, on aura du subir le scandaleux régime des honoraires libres, les augmentations des consultations (25 à 30% d'un coup), la continuation de centaines de petits mécanismes pervers que permet le paiement à l'acte, qui enrichissent les praticiens et appauvrissent le régime de l'assurance Maladie.

5) Le Déficit des Retraites
  
La durée de vie est en constante augmentation. Tant mieux.
L'entrée dans la vie active est retardée par rapport au passé, notamment par le fait de l'allongement des études. Parfait.
Du coup, le nombre de cotisants aux régimes des retraites a tendance à diminuer pour un nombre de bénéficiaires toujours plus grand.
Le déficit est inéluctable.
   Trois solutions se présentent : Augmenter les cotisations des actifs, augmenter la durée du travail sur une vie et par conséquent le nombre d'années de cotisation, voire diminuer (un peu) les prestations retraites. Il semble d'ailleurs que le mieux est de jouer sur les 3 tableaux.
   Pour une fois, la France a un peu avancé dans les solutions, grâce aux réformes de Balladur puis Raffarin, entérinées (à contre coeur) par les centrales syndicales.
Ceci dit, on aimerait davantage d'égalité, par exemple dans la fin des avantages non justifiés de nombreux régimes spéciaux. On en citera un : Pourquoi, dans l'armée, 15 années de service donnent droit au versement immédiat d'une retraite ? Il y en a bien d'autres.

6) Le déficit de l'UNEDIC
   
Il s'agit du système d'indemnisation des chômeurs.
En décembre 2005, 15 milliards d'€ de déficit.
Voilà en gros comment fonctionne (mal) le système.
On s'assure au départ que le régime est relativement équilibré entre les recettes des cotisations salariales et patronales et les prestations versées aux chômeurs.
L'économie subissant des évolutions voit certains de ses paramètres changer.
Supposons que le chômage augmente.
On augmente alors les cotisations.
Supposons que le chômage diminue. On augmente les prestations puisqu'il y a un excédent. Vous avez compris qu'il n'est pas question de diminuer la cotisation.
Le chômage re-augmente dans un mouvement cyclique de yoyo bien naturel. On re-augmente les cotisations.
Le chômage re-diminue...........etc.

7) Le déficit de la balance des paiements.
   La balance des paiements est aussi en déficit.
Il y a 40 ans, notre balance commerciale était en déficit mais la balance des paiements était excédentaire
. Ce n'est plus le cas aujourd'hui.
Du coup, il faut emprunter à l'étranger, avec une dette extérieure qui s'alourdit année après année.

Bravo les gouvernants français !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

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Juillet 2010. Je relis mon écrit de 2005. Désespérément prémonitoire.

Aôut 2011. Relecture du texte. Désespérant. Les politiques sont quasiment unanimes à déclarer vouloir rétablir un déficit budgétaire à 3%. 2 remarques :
1) Ce n'est pas à 3% qu'il faut revenir mais au mieux à 0%
2) D'ailleurs par un effet d'équilibre et de bon sens, il faut dire que si l'on a eu un déficit budgétaire de 3% pendant 30 ans, il est nécessaire d'avoir désormais un excédent équivalent de 3% pendant ...30 autres années.
Logique, non ?


Mars 2015.

Je relis mon écrit de 2005.
Désespérément prémonitoire.

Le déficit budgétaire a grimpé à 8% du Pib sous Sarkozy et Hollande n'arrive pas pour l'instant à le faire descendre sous les 4%, oubliant au passage sa promesse électorale d'un .........Budget en équilibre.
La dette Publique va franchir la barre des 2.000 milliards.
En décembre 2014 ont été publiés les chiffres définitifs de l'exécution du budget de 2014. Légère déterioration par rapport à la prévision. (comme d'habitude ; le contraire serait un miracle) Dépenses = 364 milliards €. Recettes = 274 milliards €. Déficit 90 milliards soit 32,84 %.
Pour être plus complet, il convient d'expliquer que les comptes d'un pays sont à analyser par l'examen de la Dépense publique. Celle ci comporte 3 composantes:
Le budget de l'état dont on vient de voir les résultats catastrophiques.
Les budget des Collectivités Territoriales: Déficit = 55 milliards (en 2013).
Les budgets de la Protection Sociale bien sûr également en déficit.

Normalement, la catastrophique gestion de nos comptes devrait conduire à nous plonger dans la situation actuelle de la Grèce, dans un avenir assez proche.