La Colonisation (Ecrit en 2005)

   On nous bassine beaucoup depuis quelque temps sur les méfaits de la colonisation notamment celle de la France au 19ème siècle.
D'importants courants d'opinion s'emploient à vouloir imposer une vérité officielle. La dictature de la pensée unique s'engouffre dans ce nouveau créneau. On entend parler de ...crime contre l'humanité, de repentance nécessaire, pourquoi pas d'indemnisation. On nous dit qu'il est scandaleux d'envisager des conséquences positives.
Ouf. On nous gonfle !!!!

   En fait, le principal n'est sans doute pas de savoir si la colonisation a eu des effets positifs ou négatifs, mais s'il y avait eu erreur historique et morale de la faire à son époque.
   Or, voilà que l'on veut juger la colonisation du 19ème siècle avec notre système de valeurs du 21ème siècle.
C'est une véritable escroquerie intellectuelle.
   En effet, l'histoire du Monde a toujours été une situation d'affrontements, de conquêtes, de guerres, de colonisations. Pendant longtemps, il était admis que le plus fort s'empare du plus faible. C'était très laid mais c'était comme ça. Même aujourd'hui, la Chine, les Etats-Unis, Israel et d'autres ne se gènent pas pour agir de la même façon.
Il a fallu attendre le 20ème siècle pour assister aux premiers essais de régulation mondiale avec la SDN et surtout l'ONU.
Il faut donc dire que l'idée de la colonisation moderne du 18ème et du 19ème siècle était parfaitement acceptable à leur époque. Plus qu'acceptable, nécessaire et indispensable.
   Une puissance importante comme la France se devait absolument de s'y consacrer, comme les autres nations équivalentes. C'était un devoir politique pour elle. C'eût été une grave faute de ne pas le faire. L'Angleterre, l'Espagne, le Portugal, la Belgique, La Hollande, l'Allemagne, la Russie s'engagèrent donc dans la politique impériale de colonisation qui était la valeur de l'époque.
Prenons un exemple : L'Algérie. On ne voit pas pourquoi les français n'auraient pas eu le droit de s'en emparer, alors que les arabes (dont le nom indique d'ailleurs qu'ils habitent normalement l'Arabie et non le Maghreb) l'avaient déjà fait auparavant. En géopolitique, la France est d'ailleurs plus proche de l'Afrique du nord que ne l'est l'Arabie. Le Maghreb faisait partie à part entière du Monde Romain.

   Donc la colonisation a eu lieu. C'est un fait historique. Nous venons de voir qu'elle était nécessaire.
Oui, nous sommes allés chez les autres pour les utiliser, pour les commander, éventuellement pour leur apporter les bienfaits d'une civilisation technique plus avancée.
Aujourd'hui, nous constatons que la colonisation fut souvent cruelle. Elle a entrainé des faits de guerre, des répressions de révolte.
Ces évènements ont généré des injustices, des victimes, des souffrances. C'est indéniable.
Mais toute l'histoire est faite de cruautés et d'injustices.
La colonisation de la Gaule par les romains n'a pas été une partie de plaisir pour les gaulois. Le sort de Versingétorix fut bien pire que celui d'Abd El Kader. On ne va pas demander aux Italiens de faire repentance.
La colonisation de pays Africains par les arabes islamiques fut féroce. Tu te convertis ou tu meurs. On ne va pas leur demander de faire repentance. C'est fait. Pertes et profits. Trop tard. On n'y revient pas.
Et les Anglo-Saxons d'Amérique? Faut-il qu'ils reviennent en Angleterre?

   Pour condamner la colonisation, on entend dire que l'on a procédé au pillage des ressources des pays colonisés, ce qui les aurait enfoncés dans la misère.
C'est faux. Les dépenses engagées furent bien équivalentes aux recettes engrangées.
Les plus petits pays européens qui ne sont pas engagés dans la colonisation ne sont pas plus pauvres que nous. Au contraire : Suisse, Suède, Danemark, Norvège ....etc
Il faut surtout reconnaitre que les pays colonisés ont souvent des ressources limitées (les pays Sahéliens). Depuis l'indépendance, aucun n'a réussi à accéder à un bon niveau de développement.
Certains pays africains non colonisés comme l'Ethiopie, l'Erythrée, le Yémen, le Libéria...etc ne sont pas plus développés que les autres.
Haïti, indépendant depuis 1804, est le pays le plus pauvre des Amériques.


   Et puis, en fait de colonisation, le jugement postérieur est tributaire du résultat et souvent à contre courant de la morale élémentaire.
   Si le colonisateur impose sa domination, sa conquête et sa masse démographique, sa terreur, le phénomène "colonisation" s'évanouit. Le pays a changé de propriétaire. C'est la loi de l'histoire et de la conquête.
C'est l'exemple des arabes au Maghreb, des anglos-Saxons aux Etats-Unis, en l'Australie, en Nouvelle Zélande, au Canada, des espagnols ou portugais en Amérique latine.
Or, au départ, on ne sait pas si la conquête totale va réussir ou non. Plusieurs paramètres entrent en jeu. Un des principaux est le traitement réservé aux autochtones : les indiens décimés en Amérique; l'imposition brutale de la religion et de la loi du vainqueur au Maghreb. (On n'en a une petite idée aujourd'hui avec la terreur de Daech. Phrase rajoutée en 2015)
Bref, plus le conquérant est violent, plus le fait "colonial" risque de disparaître. Et plus le conquérant est humaniste et plus il risque de devenir un affreux "colonisateur".
Reprenons l'exemple de l'Algérie. Si les Français avaient traité les "indigènes" comme le firent les Anglo-saxons avec les indiens en Amérique, la province serait sans doute devenue définitivement française.
Donc, au départ, on ne sait pas si on est parti pour une affreuse colonisation ou pour l'avènement glorieux d'une extension d'un pays. C'est l'avenir qui le dira.

(Ecrit en 2005)