LOFT STORY

   Dans les diners en ville, j'obtiens un petit succès en affichant mon intérêt pour Loft Story. Je soutiens que c'est du Kafka ainsi que du Ionesco. La question est seulement de décider si la réalité est supérieure à la fiction ou le contraire.
   Dans un certain sens, on peut soutenir, avec notre ami Kafka, que nos lofteurs sont enfermés dans un espèce de Château, que leurs actions tournent en rond, qu'une autorité bureaucratique organise les activités sans trop qu'on en sache l'intérêt, qu'une sorte de Procès permanent, sans que de graves délits ne soient commis, provoquent des éliminations brutales. Bref, un pouvoir discrétionnaire anime un jeu de marionnettes dans lequel se débattent, impuissants, des héros réduits à un rôle de fourmi, où le libre arbitre a définitivement disparu.
Mais Kafka, c'était de la littérature. Ici, c'est du vrai. C'est de la vrai fausse vie avec des personnages en cheveux et en fesses.
Alors, que préférer : Kafka ou le Loft ?
   On peut dire aussi avec notre second ami Ionesco que Loft Story est une belle histoire de dérision. Les personnages ont du mérite à vivre ainsi dans le vide. C'est un exploit que de donner du sens à ce qui n'en a pas. De rien, faire quelque choses.
Comme Ionesco tient la pièce deux heures, nos lofteurs tiennent la journée vingt quatre heure, sans que l'intérêt ne se relâche (encore que). C'est le triomphe du vide, la transcendance de la vacuité. Merci, monsieur Ionesco.
Mais là aussi, lequel l'emporte ? Le littérateur ? Ou bien la réalisation vécue et sa cruelle vérité ?
   De toute façon, soyons prudents dans des condamnations intempestives du Loft, de l'île de la tentation, de Star Académie ...etc, car après tout :
1) Sommes nous vraiment plus malins que les personnages qui nous sont proposés ? Je dis non.
2) Ces émissions ne sont pas plus stupides que le football ou le tennis.
   Bref, on peut dire que presque tout est stupide, ou que tout est divertissement. je choisis le second terme.