Castellane - Gréoux les Bains

Les Gorges du Verdon et le GR4

Du mercredi 8 août au dimanche 12 août 2007

Seul, comme un grand.


Mercredi.


Castellane-Rougon
   Daniele me conduit en voiture à Castellane. Arrivée vers 11H.
Castellane, c'est le pays du Mandarom. Pas le temps d'aller voir. Et puis, on a malheureusement démoli la statue du Dingo (pas le chien, le fou!!!).
Avant de partir, j'ai lu la relation du parcours du GR4 de Grasse à Manosque par .......Fabrice et Carole. Je compte m'inspirer de leur expérience. J'ai pris quelques notes. Je n'arrive pas à trouver le nom de leur site pour le référencer.
Je prends le départ du GR4 au chemin de la Colle.
Au revoir Daniele.
Le temps est couvert. Le GR4, c'est Grasse-Royan, sauf erreur.
Je démarre une montée. On quitte et on surplombe Castellane ainsi que le Verdon. (Photo 1).
Zut. J'ai oublié ma poche/tuyau à eau dans la voiture, ou à la maison. Du coup, je n'ai pas d'eau du tout. Quel drôle de randonneur !!!!
Une petite pluie très fine tombe par intermittence. De quoi me plains-je ? (magnifique syntaxe !!!) L'eau, la voilà. Je mets ma cape de pluie qui se déchire à la manche droite.
Le chemin est bordé de magnifiques buis. J'en prendrais bien un pour mon jardin. J'ai oublié d'emporter ma pioche.
Chouette, je rentre .....dans ma carte (Carte de Randonnée des Gorges du Verdon IGN au 25.000 ème). Je peux désormais me ....perdre en connaissance de cause.
J'arrive à Chasteuil complètement assoiffé. Je frappe à la porte d'une maison et un homme sympathique me fait boire. Il me confirme qu'il n'y a pas de commerce dans ce petit village du bout du monde. Une camionnette vient apporter régulièrement le ravitaillement.
Je continue de monter. Je suis sur une ancienne voie romaine. Astérix, au secours !
J'arrive sur un plateau plein d'herbe (photo 2). Vais-je tomber sur un éléphant ? Non. J'avance vite. Je ne rencontre personne. Un maigre soleil apparaît qui me remonte le moral.
Je redescends sur Rougon. (photo 3). J'ai froid, soif et faim. Je m'aperçois avoir commis l'erreur fondamentale de ne pas avoir emporté ma polaire sous prétexte d'allégement du sac. Il ne fait pas chaud du tout, comme à Toulon.
Beaucoup de vacanciers dans le village.
Les gorges du Verdon sont en bas.
Je me réfugie à la crêperie. "Le Mur des Abeilles". J'essaie de me réchauffer et de me sécher. En vain. Les hôteliers sont aussi sympathiques que leurs crêpes sont exécrables (une au jambon, l'autre au coulis de cassis). Je n'ai jamais mangé de crêpes aussi mauvaises. Bon, d'accord, on n'est pas en Bretagne !!! Mais tout de même!!!
Je redescends un peu et trouve un bivouac sauvage dans un champ. Caché du chemin. Je me demande si je vais savoir monter ma tente que je n'ai pas utilisée depuis ...9 ans. Si. J'y arrive. Assez facilement. La nuit, voilà que j'ai froid. J'enfile le peu de vêtement emporté. Je mets même ma cape de pluie. Je m'aperçois qu'elle est cette fois complètement déchirée. S'il pleut les prochains jours, ça ne sera pas drôle. En fait, il ne pleuvra plus.
Avec ce froid, je peine à m'endormir. Je prends un Stiln
ox et vais rejoindre Morphée.

 

 

 

Jeudi

Rougon-Chalet de La Maline.
   Lever ver 8H.
Descente au Point Sublime de l'entrée des Gorges.
Café-crème et 2 croissants dans un café.
Dernière petite descente à l'entrée des gorges, au pied du Verdon.

         
   L'eau est d'un beau bleu/vert laiteux. Des armées de "canyioneurs" s'affairent avec leurs moniteurs.
Je prends le sentier Martel. Il faut franchir 2 tunnels non éclairés (environ 300m chacun). Dans le noir total, je m'appuie sur les roches, côté droit, pour avancer. Fabrice et Carole avaient bien dit d'emmener une lampe mais je ne les avais pas écoutés (comme d'habitude) pour raison d'allégement. Je me cogne partout.
Puis de terribles escaliers permettent de franchir une barrière rocheuse. Nouveau sentier au ras de la rivière. De nombreux pique-niqueurs pique-niquent venant de l'aval ou de l'amont. Je marche depuis plus de 6 heures.
Une dernière montée très raide, très dure. Sans entrainement, j'accuse la fatigue. Comme je n'ai plus d'eau, je suis obligé de quémander. Ma gorge est complètement sèche. Je dois avoir un air totalement hagard.
Un jeune couple me croyant à l'agonie s'apitoie. "Alors, ça va ?". "Heu, oui". Ils me donnent 2 bananes (suis-je devenu un singe), de l'eau et des raisins secs. Leurs yeux expriment une certaine terreur semblable à celle d'un French Doctor au Darfour. Grand merci à eux.
Je continue la montée. Je suis toujours assoiffé. Cette fois, c'est un Belge qui me redonne de l'eau. Encore merci.
Il faudra tout de même que je pense m'acheter une grande bouteille. Ca suffit de jouer les décontractés!!!
La fin de la montée s'annonce. Vue sur le chalet CAF de La Maline, en haut, très haut. Est-ce possible ? Arriverai-je si haut ?
J'y arrive. Fourbu.
Je fonce au bar prendre deux Oranginas. Le premier m'écoeure et je vais rendre le second.
Je monte ma tente sur le bivouac gratuit d'à côté, près d'un jeune couple de Danois.
Douche au refuge. J'y oublie mon savon.
Dîner au chalet. La serveuse me refuse le repas du menu. Je ne comprends pas trop pourquoi. Elle non plus. Elle accepte tout de même de me préparer des pâtes. Ces pâtes se révèlent être immangeables. Elles feraient cependant un excellent mastic pour monter un mur dans mon jardin de Toulon. J'en laisse les deux tiers dans l'assiette. Je vais payer. La patronne me dit : "Vous n'aimez pas les pâtes ? Pourquoi n'avez vous pas pris le menu ? ". J'ai du mal à expliquer. Je ne veux pas délater (du substantif délation) la serveuse. Elle a pitié de moi. Merci. Elle me propose des restes de gigot qu'ont laissés toute une cohorte d'Italiens. Excellent.
   Ca y est. J'ai "passé" les Gorges du Verdon. (photos)
Magnifique.

 

 

 

Vendredi

Chalet de la Maline - Moustiers-Sainte-Marie.

                                      


    Excellent petit déj. au chalet de la Maline.
En route pour La Palud sur Verdon. 12 kms. 2 à 3 heures de marche. Le GR4 suit la route. J'arrive vers 11H.
Après la grosse journée des gorges, Fabrice et Carole se reposaient par la petite étape de La Palud avant la grosse étape suivante de Moustiers. Moi qui suis plus malin que tout le monde (c'est bien là mon malheur) (Normal tout de même après La Maline), je décide de faire les 2 étapes en une. Je projette de joindre La Maline, Moustiers.
A la Palud, je prends un raccourci plein nord pour rejoindre le centre ville. Citron pressé dans un café. Le sucrier est bouché. La serveuse m'en donne un second. Bouché aussi.
   Je pars sur la gauche, direction ouest. Je trouve les marques du GR4. Chouette. Je pars d'un bon pas. Bizarre, je me retrouve encore sur la route. Je suis les marques du GR. Au bout d'une heure et 5 kms, je m'étonne de voir à nouveau le Verdon et des gorges similaires aux précédentes. Je regarde ma carte. Zut de zut. Je suis en train de revenir en arrière sur la route de La Maline.
Je fais du stop pour revenir à La Palud. J'explique mes malheurs avec véhémence au conducteur dans un exercice de catharsis salutaire.
   Je repars du centre comme tout à l'heure et ne manque pas, cette fois, de prendre à droite les marques du GR, lesquelles, dans ce sens, sont peu visibles.
   Une rude montée se présente. Près de 300 m de dénivelée. Mon genou droit me fait mal.
Suit un longue promenade d'une dizaine de kms en forêt, en plat, à l'ombre le plus souvent. Absence de faune. Les chasseurs y ont veillé. Absence d'eau. "Pas le moindre vermisseau ruisseau".
On termine par la forêt Domaniale des Gorges du Verdon pour aboutir à un point sublime surplombant le beau lac de Sainte Croix. (photo1 et 2)
   Tout va bien. Moustiers Sainte Marie n'est plus très loin. Je suis presque arrivé.
J'ai réussi mes 2 étapes en une. Plus les 5 kms de rallongi, ça fait pas loin de 30/35 kms. D'accord, j'ai fait mieux sur Saint Jacques de Compostelle, mais personne ne le savait. Plus maintenant.
Bien sûr, comme d'habitude, je n'ai plus d'eau. J'avais oublié d'acheter une grosse bouteille. Ma gorge est sèche de sèche.
Un miracle se produit. Oui, Dieu doit exister. Un jeune couple vient de faire la montée depuis Moustiers. Ils ont du être envoyé exprês pour moi par le Divin. Ils me remplissent ma petite bouteille. Je leur dis : "Vous me sauvez la vie". C'est peut-être exagéré. Ils ont trouvé la montée fatigante. Je les rassure pour la suite en leur disant que c'est désormais tout plat pour eux.
Pour moi, ce n'est pas le cas. Je ne suis pas complètement arrivé.
Justement, j'avais grand tord de fanfaronner. Comme toujours.
Voilà que l'on suit la crête de l'Ourbes (photo 3). Une rude montée se présente. Mon genou me fait vraiment très mal. Une vrai galère. Kalègifère ! Vais-je arriver en haut sain et sauf ? Le genou va-t-il tenir bon ? Pas évident. Je souffre.
Des pensées morbides m'assaillent. Si je me démolis le genou, le chemin est totalement désert. Je peux rester 1, 2, 3 jours sans voir personne....et sans eau. Je n'ai même pas de crayon pour écrire quelques dernières volontés.
J'aurais du écouter ma fille Séverine qui voulait m'envoyer un portable depuis Paris. Je l'avais violemment éconduite car un vrai randonneur ...comme moi ....cultive le snobisme de rejeter le portable de la panoplie du parfait marcheur.
Je pourrais peut-être descendre en rampant ? Les serpents y réussissent très bien!!!!!!
Et bien oui. Le genou tient tant bien que mal. Mais la grande descente sur Moustiers de ...700 mètres de dénivelée est très dure.
Il faut se rendre à l'évidence. Mon genou ne fonctionne que dans le plat. Il refuse les montées comme les descentes. La prochaine fois, j'irai marcher en Hollande.
   Je m'arrête au camping de Saint Clair. 4,5€ la tente + 4,5€ la personne = 9 € +... (Heureusement, je n'ai pas de chien(5€)...ni de chat). Une place près de la rivière. Le manager, sympa, me donne des pansements pour mes ampoules, sur le côté du pied. J'achète du thon salade Saupiquet + une compote de pomme + ...une grande bouteille d'eau (c'est pas trop tôt) + un savon (j'ai laissé le mien au chalet de La Maline) à l'épicerie.
Je reste 20 minutes sous la douche chaude. "Tu vois, Daniele ? Je suis excessivement propre."
Je ne parle à personne. Je m'aperçois ne rien avoir de commun avec les campeurs bataves.

 

 

 

Samedi

Moustiers Sainte Marie - Saint Martin de Brômes.
     Je prends un café chaud au camping avant de partir.
Un plat jusqu'au ravin des Graves.
Rencontre d'une jeune et jolie randonneuse qui fait le chemin inverse vers les gorges. C'est sans doute une écolo tendance dure. Elle marche toute seule. Elle n'est pas épilée sous les bras. C'est très érotique. On discute 2 minutes. Dommage, elle continue en sens inverse. Ce sera la 3ème et dernière randonneuse rencontrée sur le GR4 sur près de 100 kms en 5 jours (hors Verdon). Comme quoi, on ne se bouscule pas sur le parcours. On n'est pourtant pas en décembre.
Ca me rappelle une anecdote. Je faisais St Jacques de Compostelle, au mois de mai, il y a 2 à 3 ans. J'arrive dans un gîte très catho à Burgos, harassé comme d'habitude. L'assistante de la directrice était une jeune roumaine plutôt jolie. J'avais demandé : "Et vous, vous êtes allée à Santiago ?". "Oui, le mois de décembre dernier." J'avais failli répondre : " Pieds nus dans la neige sans doute ?". Mon extrême urbanité m'en avait empêché au dernier instant.
Donc, il n'y a personne sur le GR4. Tant mieux.
Un plaisir rare.
Tiens, une grimpette de 250 m de dénivelée pour monter plaine des Bessons. Mon genou me rechatouille.
Maintenant, on est sur le plat en train de contourner les champs de lavande. (Photo 1). Ca sent très bon. Les couleurs sont mauves. Les abeilles butinent. Un machaon voltige. Un plaisir des sens ! Vais-je rencontrer Giono que j'aime beaucoup ? Non.
Nouvel événement dans mon périple : Je sors de la .....carte. Désormais, mes points de repères seront les marques du GR4 et les grands villages à atteindre : Riez, Gréoux etc.
Toujours des lavandes.
Une descente dans un village. C'est Riez ? Non c'est Roumoules.
Ca me rappelle l'histoire de Ramourouscle en Haute Loire. C'était au début du chemin de St Jacques après Le Puy en Velay. Daniele n'arrêtait pas de se tordre de découvrir Ramourouscle. Elle n'imaginait même pas que ça pouvait exister. Comme quoi, on apprend à tout âge. Le symbole du village perdu de la France plus que profonde. Voir Ramourouscle et mourir. (d'ennui dirait Daniele). C'est que Daniele est plutôt spécialiste des magasins de mode.
Une remontée. On arrive à Riez. Le vrai, cette fois. (photo 2).
Il y a beaucoup d'estivants. Les restaurants sont pleins.
Je m'attable au resto "le Rempart" qui a l'air le plus important. Une carte importante. Je pose mon sac. Je commande une salade ....périgourdine. Bon. Ca peut paraître bizarre en Provence. Alors pourquoi ? Comme ça. J'ai une soudaine envie de salade, de gésiers et de pignes. L'assiette est super copieuse. Presque trop. J'accompagne d'une verre de vin rouge. Faut pas se laisser abattre.

                                                                          


   En repartant, je trouve une montre perdue. Ca rattrapera le savon de La Maline.
Je reprends le GR4 vers Allemagne-en-Provence. Je me perds encore une fois avec les marques du GR. Je me retrouve en route vers Valensole. Zut.
Quand je me perds, je décide de récupérer le rallongi en faisant du stop.
Premier stop pour ....Riez. Retour au point de départ. Second stop laborieux (un soixante huitard en Diane2CV). Le sympathique conducteur m'amène à Allemagne-en-Provence (photo3) (Beau château) dans sa maison. Merci à lui. Le GR4 passe juste à côté de chez lui.
Remontée sur la crête. Longue marche en demi forêt. Un large chemin forestier. J'approche de Saint Martin de Brômes. Je n'ai croisé ni voiture ni être humain. Le chemin est super rocailleux. Je plante difficilement ma tente en plein milieu du chemin dans un rare endroit terreux où je vais pouvoir enfoncer mes piquets. Ailleurs, y-a trop de caillasse. Espérons qu'aucun 4/4 ne viendra m'écraser durant la nuit. Et qu'il aura de bons phares. Puisqu'il n'y a personne le jour, ce serait le diable qu'il y ait quelqu'un la nuit. Raisonnement théoriquement implacable. Mais, va savoir ?
Au lendemain matin, je me réveille vivant et non écrasé.
   Il faut prendre des risques dans la vie. Regardez Bush, en Irak!!!! (Ce n'est peut-être pas le meilleur exemple!!)

  

 

 

Dimanche

Saint Martin de Brômes - Gréoux les Bains
    N'ayant pas été écrasé durant la nuit, je peux terminer ma dernière journée de randonnée.
Je traîne toujours du ....genou.
A St Martin (photo1), je jette ma cape de pluie, définitivement déchirée, dans une poubelle.
Arrivée sans encombre à Gréoux les Bains vers midi.
Les grésyliens et les grésyliennes (comme les Acadiens ?) s'affairent dans les rues. Peut-être vont-ils se faire soigner les voies respiratoires et les rhumatismes au centre thermal ? (photo2)
Citron pressé aux Marronniers, le grand et sympa Café de Gréoux.
Retour à la civilisation.
Je passe à l'office de tourisme pour demander où se trouve le départ du GR4 pour Manosque.
J'y trouve un prospectus pour le passage d'un bus Manosque à 13h45. Bof ! Le GR4 Gréoux/Manosque n'a pas d'intérêt. Tout plat. Je prendrai le bus.
A 13h30, je me pointe à l'arrêt du bus. Il y a 6 autres personnes.
Et bien, à 15h, on est toujours là. Le bus n'est pas passé. Mystère qui ne sera jamais éclairci.
Je téléphone à Daniele de venir me chercher à Gréoux. Elle sera là 3 heures plus tard. Entre temps, j'ai fini la lecture de " L'Herbe Rouge" de Boris Vian. Pas terrible. C'est moins bien de lire Boris Vian maintenant qu'en 1950 !!!
Daniele arrive. On prend un demi aux Marronniers.
Puis on dîne dans un restaurant ...chinois, "Au palais de la Lune". La nourriture est très honorable (coquilles St Jacques). Nous remercions la vénérable patronne asiatique.
Retour à Toulon par Saint Maximin et la vallée du Gapeau..
Excellente randonnée sur le GR4.
    Merci Fabrice et Carole.