Présidentielles 2012

Janvier 2012.

Par où commencer cette chronique ?
Par le plus facile : Il ne faut pas voter Sarkozy. Nous allons expliquer pourquoi.
Victoire, ma petite fille, me souffle l'explication suivante : "Avec Chirac, nous étions au bord du gouffre et Sarkozy nous a fait faire un pas en avant".

Pour être plus sérieux, rappelons que notre pays doit faire face à deux problèmes économiques majeurs.

Le premier est l'effarante liste des déficits: déficit budgétaire de 27%, augmentation de la Dette Publique (1.600 Milliards), déficit de la balance commerciale (70 milliards), déficit de la balance des paiements, déficit de la Sécurité Sociale (assurances sociales, retraites ...etc), déficit de l'Unedic chômage, déficits des collectivités territoriales...etc. Il y en a d'autres. Bayrou avait été un des rares a dénoncer la chose il y a 5 ans. Actuellement, il est sans doute le plus crédible des candidats sur la question. René Servat, !!!, c'est à dire ...moi-même, en faisait la constatation en .......2005. (cliquer le lien)

Le second est la constante augmentation des inégalités sociales et économiques. Les riches deviennent toujours plus riches. La finance triomphe. C'est bien sûr le monde Anglo-saxon qui nous montre le modèle. Tout le monde doit suivre. Difficile de faire autrement. Même les chinois, de surcroit ....communistes, qui semblaient au départ à l'opposé de l'échiquier politique de l'ultra libéralisme deviennent des champions de l'inégalité.
Certains pays résistent tels l'Allemagne, les pays scandinaves ....etc, mais difficilement.

Ces deux problèmes ne sont pas nouveaux. Il existent depuis plusieurs décades.
On pourrait donc croire naïvement que nos gouvernants se fussent employés à exposer la chose et à apporter quelques solutions.
Que nenni. Oui, c'eût été une extrême crédulité que de le penser.

Revenons à Sarkozy.
Il s'est malheureusement engouffré dans les deux mauvais chemins.
D'une part, il a protégé et avantagé les plus favorisés. D'autre part, il a augmenté considérablement les déficits.
Pour le premier point, on peut seulement le féliciter de ne pas avoir joué les hypocrites. Il a tout de suite annoncé la couleur en allant festoyer au "Fouquet" et en allant prendre quelque repos sur le yacht de Boloré. Bravo pour cette marque de sincérité. Son lieutenant Copé (nous le retenons celui là) surenchérit fustigeant "les pauvres minables qui gagnent moins de 5.000 euros" mensuel!!!
Les mesures sont venues par la suite organiser les mécanismes favorables aux détenteurs de fortunes.
Ce fut le bouclier fiscal permettant de plafonner les impositions des fortunés en favorisant le reversement de soit disant trop perçus.
Ce fut un énorme changement dans le système des donations permettant de soustraire une partie des patrimoines à la fiscalisation des successions.
Ce fut la réduction par deux (environ) de l'impôt sur la fortune ISF.
Ce fut le développement de niches fiscales très onéreuses (Défiscalisation des H.S....etc)
Les économistes chiffrent à près de 100 milliard annuels les cadeaux ainsi distribués.
Il faut pourtant rappeler qu'il y a plus de "riches" en France qu'ailleurs : 2,61 millions de millionnaires en $ en France pour 1,75 millions en Allemagne dont la population est pourtant sensiblement plus grande. 9% du total mondial de millionnaires en France.(Etude du Crédit Suisse). La bonne politique serait donc d'en diminuer le nombre plutôt que de l'augmenter, d'en accroitre les prélèvements plutôt que le contraire.
On ajoutera dans la liste des cadeaux la baisse anecdotique de TVA concédée aux restaurateurs, excellente catégorie électorale. A ce sujet, pour nous aider, la chancelière allemande avait tout fait pour nous empêcher de prendre cette mauvaise décision. De guerre lasse, s'affligeant au fond d'elle même d'autant de stupidité, elle a "autorisé" Sarkozy à faire tout seul son ânerie.
Pour le second point, c'est la baisse de recettes dénoncée plus haut plus l'augmentation des dépenses qui a creusé le "trou". On connaît la justification. C'est la faute à la crise. Il fallait aider les banques.
Mais alors, comment ne pas faire le reproche d'avoir prêté aux banques sans rien leur demander en échange. Aucune prise de participation dans leur capital. Aucun contrôle, aucune limitation des excès comme les super bonus des traders, les retraites chapeaux, les parachutes dorés, les stocks options, les LBO, les Carried interests, les Hedges funds, les CDS ...etc (j'en passe et des meilleures).
Du coup, le déficit budgétaire de 34 milliards en 2007 monte à 148 milliards en 2010. Il est de 83 milliards en 2012 soit 27% en valeur relative. Le budget français dépense 27% de plus que ce qu'il gagne. Bravo sarkozy !!!!
La dette publique, elle, passe de 60 à 87% du PIB.
(1.600 milliards). Rappelons que le total des recettes annuelles du budget est de ...288 milliards seulement.

Alors, le bilan de Sarkozy, c'est quoi ?
Bien sûr quelques mesures et décisions positives : Le déblocage de l'Europe en début de mandat, l'entente avec l'Allemagne, l'intervention en Lybie, la gestion de la crise Ivoirienne, le commencement de la réforme des retraites.
Mais, consternation du côté négatif.
Car c'est le chômage qui remonte de 8 à bientôt 10 %. C'est la croissance qui s'annonce bientôt nulle. C'est la dette publique à 87 % du PIB. C'est le déficit budgétaire à 27%. C'est le commerce extérieur déficitaire à 70 milliards. C'est la perte du triple A. Ce sont les cadeaux faits aux riches.
Ce sont aussi beaucoup de mesures illusoires, inefficaces prises dans l'agitation, pour l'esbroufe, juste pour l'effet d'annonce et de surprise : Participation de jurés dans les tribunaux correctionnels, possible suppression du juge d'instruction (remplacé par le Ministère Public plus dépendant encore du gouvernement), désignation présidentielle du responsable de la télévision Publique, demande de distribution d'une part des bénéfices des entreprises aux salariés au moment où l'état gèle le salaire des fonctionnaires, demande de voter le règle d'or alors que l'on vient juste de creuser le trou budgétaire (c'est se moquer du monde), projet de TVA sociale qui est dans un premier temps un nouveau cadeau fait aux entreprises, annonce de possibles référendums bidons et inutiles......etc.
Bref, des échecs, rien que des échecs.
Il serait très masochiste pour la France de reprendre un président cumulant de si mauvais résultats.
Alors, pas d'hésitation. On se débarrasse de Sarkozy. C'est vraiment la première priorité. C'est la démocratie. Il faut essayer quelqu'un d'autre qui fasse mieux.

Il y a bien sûr un remplaçant qui s'impose.
C'est François Hollande.
C'est le meilleur choix.
Il faut vraiment voter pour lui. Moi, j'ai voté pour lui aux primaires.
Il parait sérieux. Il n'a pas fait de promesses démagogiques comme Jospin avec ses 35 heures.

Il a annoncé vouloir rétablir les équilibres économiques, c'est à dire diminuer les déficits. Bien obligé.
Il promet de ne pas avantager les "riches" et même de les remettre à contribution ce qui demeure la moindre des choses.
On peut lui donner un petit conseil : lire notre texte Rendre gorge.
Et si, en 2017
, il nous a déçu, on votera pour un autre.
Voilà de la bonne démocratie.

Certains pourraient vouloir un autre prétendant. C'est leur droit. Ce n'est pas notre option et nous allons dire pourquoi.
Tout d'abord, nous pensons qu'une démocratie efficace et moderne ne fonctionne que dans le bipartisme. (Rappelons que c'est le choix du système électoral qui l'organise. La Proportionnelle, c'est l'horreur.) Le bipartisme n'est pas forcément à la mode et pourtant il est la règle des grands pays démocratiques. Merci aux Anglo-Saxons de nous en avoir
montré l'emploi. Aux Etats-Unis, il y a les Républicains et les Libéraux. En Grande Bretagne, il y a les Conservateurs et les Travaillistes. On donne sa chance à chacun à tour de rôle. Si l'on est satisfait, on conserve le même au bout de 4/5 ans, sinon on le change. Donc 2 grands partis, l'un plus à gauche et plus libéral que l'autre, et vice versa. Pour la souplesse du système, il n'est pas interdit qu'une troisième force vienne se mêler au challenge. A elle de démontrer qu'elle peut détrôner le second.
Cette pratique du bipartisme va bien sûr à l'encontre de ces "petits" candidats qui ne jouent qu'une carte personnelle, égocentriques, opposés à l'intérêt général. Je ne citerai pas leur nom par charité chrétienne.

Voici donc notre approche des prochaines élections présidentielles de 2012.

Le Paradoxe personnel.
Nous ajouterons une touche de provocation à notre rationnel raisonnement antérieur.
Nous-même refusons d'aller voter.
Nous pratiquons l'abstention depuis longtemps, ce qui a le gros avantage de nous éviter déception et rancoeur.
C'est que par le passé, nous avons été souvent échaudé par ces alternances de gauche qui ne nous ont pas satisfaites. Des situations très désagréables.
Ainsi, nous avons trouvé inacceptable que Mitterrand, arrivé fraîchement au pouvoir en 1981, décide dans les premiers jours de mandat d'........augmenter le nombre de députés d'une cinquantaine d'élus (histoire de caser les petits copains). On aurait voulu justement qu'il en réduise le nombre de 50. On ne venait pas de voter pour ça. Y avait autre chose à faire.
On n'a pas apprécié qu'en 1983, austérité oblige, il se permette de faire ce que la droite n'avait jamais osé réaliser, à savoir supprimer la pratique de l'échelle mobile des salaires par rapport à l'indice des prix. Notre profession dans la Fonction Publique n'a cessé de se paupériser par la suite, à cause de ça.
Ultérieurement, en 1997, nous n'avons pas, mais pas du tout, approuvé que Jospin fasse voter les 35 heures.
Le seul pays du Monde à voter une loi pareille. Ne fallait-il pas être plus prudent ? Que si. Sommes nous vraiment plus intelligents que les autres ? On en doute. Plus paresseux ? Peut-être.
Si les hommes politiques avaient une conscience, Jospin aussi en aurait peut-être une. Une qui troublerait son sommeil quotidien, quand, chaque semaine, le Journal Télévisé nous montre en France des entreprises en liquidation pour cause de délocalisation.
Je vous pose la question. Vous êtes investisseur étranger (et même français). Allez-vous construire une usine en France où les salariés travaillent 35 heures, ou ailleurs où ils travaillent 40 heures ?
Jospin qui n'a pas grande conscience morale dort sans doute très bien avec ses retraites de premier ministre, de haut fonctionnaire et autres. Il n'est pas touché par le chômage, lui. Il s'en fout. Il ne se croit pas responsable. Cynisme total.
Il est sûr que dans le contexte de la désindustrialisation de la France (ce qui est source de chômage), Sarkozy a sans doute raison de dénoncer la loi des 35 heures ainsi d'ailleurs que la loi mitterrandienne de la retraite à 60 ans.

Quoiqu'il en soit, F. Hollande est globalement un bon candidat. Un homme brillant et intelligent. Son programme est cohérant et sympathique.
Ainsi, il veut rétablir les équilibres financiers. (pourvu qu'il y arrive). Il veut que les favorisés contribuent davantage au paiement de l'impot. (Ce n'est pas trop tôt). Il dit vouloir affronter la finance. (bon courage).
Il est presque certain qu'il va être élu. Tant mieux.
Bien sûr, nous avons quelques reproches à lui faire :
Il annonce un peu mollement vouloir ramener le déficit budgétaire à 0 % seulement en .......2017.
Il veut recruter 60.000 personnes en 5 ans dans l'Education Nationale. (Ca ne marchera pas mieux pour ça).
Il annonce l'augmentation de l'allocation de rentrée scolaire.
Or, à notre humble avis, il est nécessaire, pour un certain temps, de se refuser toute dépense nouvelle. On verra après.
Il annonce une nouvelle loi mémorielle sur le génocide arménien. (stupide)
Il laisse entrevoir une possible manipulation de la TIPP sur le prix de l'essence alors qu'il faut s'habituer à délaisser la voiture et à utiliser les transports en communs.
Et enfin, nous supportons très mal qu'il se vante de vouloir "réenchanter le rêve français". Qu'est-ce que c'est que cette connerie ?
On ne veut pas du rêve. On veut qu'il supprime les stocks options, qu'il interdise les bonus des traders, qu'il augmente le nombre de tranches de l'IRPP, qu'il augmente l'ISF (tout en en exonérant le domicile principal avec plafond de 1 million d'€), qu'il remette l'économie en route, qu'il supprime le nombre et les avantages des élus, qu'il mette des limites aux dépenses excessives des collectivités locales....etc.
Il n'est donc pas nécessaire de copier cette sotte d'Elisabeth Guigou qui disait il y a quelques années : "Les français veulent un Président qui les fasse rêver".

rené SERVAT
T
OULON

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