Histoires d'Auto Stop
Yougoslavie - 1954
Mon ami Guy R. et moi décidons d’aller visiter la Yougoslavie en auto-stop.
A cette époque, le tourisme international n’existe pratiquement pas.
Un peu en Angleterre pour côtoyer ou pratiquer la langue. Un peu en
Italie avec notre ami Stendhal. Pas encore en Espagne, à cause de Franco.
Pas dans les lointains pays du Monde pour cause de non développement
de l’aviation commerciale. Les hommes d’affaires et les célébrités peuvent
seuls s’offrir le transport en avion sur les Constellations de Boeing.
Mais voici que Tito, en Yougoslavie, pour montrer son
indépendance vis à vis du grand mentor soviétique,
décide d’accorder des visas à
d’éventuels visiteurs occidentaux. Une grande
nouveauté.
Nous demandons et obtenons les dits visas pour le mois de juillet.
Avec mon Lambretta et la Peugeot 125cm3 de mon ami, nous voici partis
pour…………Menton où nous laissons
benoîtement nos véhicules au coin d’une petite
place. A cette époque honnête, il ne nous vient même
pas à l’esprit que l’on peut nous voler notre bien.
Retrouverons-nous nos motos? Suspense.
Nous rejoignons la route principale le sac au dos. Nous sortons de l’agglomération
et pour la première fois de notre vie levons le pouce le long de la
route. Avec la honte les premières fois, avec l’indifférence et le professionnalisme
les fois suivantes.
La Grande Aventure.
Des voitures s’arrêtent, nous prennent. Nous voici en Italie.
Plusieurs jours pour traverser jusqu'à Venise. Des anecdotes multiples.
Un soir, à la nuit, sortant du centre d’une ville, nous cherchons un
endroit pour camper. Tiens, derrière ce mur. Nous montons notre guitoune.
Excellent sommeil. Au matin, on est réveillé par des voix. Des personnes
tournent et parlent autour de nous. On fait semblant de dormir. Les
personnes s’en vont. On s’habille précipitamment. On range la tente.
Stupeur. On s’aperçoit que l’on est au fond d’un grand jardin, dans
une propriété privée, avec la maison au fond. Très effrayé pour ce qui
ne mérite pas de l’être, nous décampons comme des voleurs que nous ne
sommes même pas.
Une autre fois, un conducteur nous prend dans sa voiture et se met à
conduire comme un fou. Un vrai dingo. Echappé d’un asile ? Il double
tout le monde. Il ne supporte pas d’avoir une voiture devant lui. Il
talonne constamment l’auto de devant en se tenant à ………20 cm, même à
grande vitesse. Sans avoir peur. Nous on l’a. Modérément tout de même.
On n’est pas des mauviettes! D'accord, les italiens conduisent comme
des dingues, c'est connu, mais pas à ce point là. On discute avec ce
fou de conducteur par ailleurs très sympa. Il nous apprend qu’il est
champion du monde de moto. Il nous donne son nom. Effectivement, on
le connaît. De nom. On l'avait repéré dans les colonnes de l’Equipe.
Une belle émotion.
Ca y est, nous arrivons à la frontière Yougoslave.
Nous passons sans encombre dans ce pays mystérieux. Mais grosse déception.
Il n’y a pas de voiture. Et pendant tout le reste de notre voyage, l’auto-stop
va être une vraie galère pour absence d'auto. Dans ce pays relativement
pauvre et à la mode communiste, il n’y a pratiquement pas de voitures
privées. On n’y avait même pas pensé.
Une voiture française passe tout de même la frontière. C’est un ingénieur
français d’origine yougoslave avec sa femme et son fils. Il va rendre
visite à sa famille. Il nous emmène à Liubliana, belle ville de Yougoslavie
devenu aujourd’hui capitale de la petite Slovénie.
Tiens, donnons notre opinion politique d’aujourd’hui (2015) sur le sujet.
Les Occidentaux Américano-Otaniens et Anglo-Saxons avaient-ils raison
d'encourager l'éclatement de la Yougoslavie ? Certainement pas. Mais
leur unique politique, d'un autre âge, qui n’a même pas changé aujourd’hui,
est d'affaiblir la Russie. Stupide. Alors, on dépèce la Yougoslavie.
Ensuite, c'est le tour de la Serbie avec le Kosowo ? Et plus tard, on
s'étonne, dans la plus grande hypocrisie, que la Russie veuille défendre
ses intérêts et ses populations amies en Ukraine. Elle a bien raison.
Quelle honte pour les Otaniens!!!!
Après Liubliana, malgré l'extrême rareté des voitures, on arrive tout
de même à Zagreb. Même topo. C'est devenu maintenant la capitale de
la Croatie, le pays qui nous veut le plus grand mal en Championnat du
Monde de Football et qui aurait mieux fait de demeurer dans la Yougoslavie.
Notre dernière voiture nous a laissés à l'entrée de la ville. Nous prenons
un tram qui nous amène en plein centre. Nous débarquons passablement
ahuris sur une grande place pleine de monde. Un grand attroupement se
forme autour de nous. Des étrangers ????? Peut-être des Martiens ayant
quitté leur soucoupe pour essayer le tram ? Effectivement, nous n’avons
pas la peau verte mais nous nous exprimons dans un idiome inconnu. Personne
ne comprend ce que nous venons faire ici. Nous essayons d'expliquer
n'avoir aucune intention belliqueuse. Au contraire. Nous aimons ce beau
pays que l'on découvre. Heureusement, un habitant plus éclairé que les
autres, nous prend par la manche. Il nous explique plutôt mal que bien
qu'il est ouvrier (Dans la Yougoslavie de l'époque, tout le monde doit
sans doute être ouvrier). Il travaille tôt le matin. N'empêche. Nous
devons aller chez lui manger une omelette au lard et dormir dans une
chambre très cosy. Nous devons être fatigués (C'est vrai), Il ne veut
pas nous déranger. D'ailleurs on n'a rien à se dire puisque nous ne
parlons pas la même langue. Le lendemain matin, seuls à la maison, nous
pourrons nous faire le café à la cuisine. Le sucre est à gauche sur
l’étagère, la cafetière à droite. Au moment du départ, il faudra bien
fermer la porte de la maison avec la clé que l'on devra cacher dans
un endroit connu seulement de lui ……… et désormais de nous. Il nous
dit bonne nuit.
Bon, cette histoire peut paraître anodine. Mais à la réflexion, vous
en avez connu beaucoup de personnes capables d'une telle initiative ?
Sans doute que non. Nous lui décernons, bien sûr à titre posthume, et
dans l'anonymat total, le titre de héros. Pas de héros stalinien comme
c'en était la mode à l'époque. Non un titre autrement sérieux de Héros
Humanitaire, de Héros de l’Amitié.
Nous quittons Zagreb pour Rieka (Fiume), une ancienne gloire du tourisme
international. De grands hôtels accrochés sur les flancs des collines
en sont le souvenir. Toujours pas de voiture. Un comble pour l’auto-stoppeur.
On capitule. Nous n’irons pas à Belgrade.
Nous prenons le bus pour rentrer chez nous, jusqu’à la frontière. A
nouveau des voitures pour traverser l’Italie.
Une splendide Roll Royce avec chauffeur nous dépasse avec
arrogance malgré nos signes. Sale capitaliste !!!!!
Surprise, la voiture ralentit et s’arrête. Nous courons 20
mètres. Une très belle femme à côté
de son non moins beau compagnon nous fait de grands sourires et nous
invite à monter. Un vrai couple de vedettes de cinéma.
Assorti à la voiture. C’est peut être Ava Gardner et
Sinatra. Non, c’est une blonde aux magnifiques yeux bleus. Peut
être Grace Kelly avec le Prince Régnier. Ou
d’autres. On s’installe à l’arrière.
L’homme est parfaitement méprisant, furieux du caprice de
sa compagne. On va peut être salir sa belle auto. La magnifique
créature blonde à ses côtés n’est que
charme et prévenance avec nous. C’est elle qui a
forcé son compagnon à nous prendre. Pour faire une bonne
action ? Pour raconter à ses copines ? Pour exacerber
son ami par son caprice ? Du coup, on arrive rapidement à
Venise.
Une autre fois, un autre jour, une belle jeune femme séductrice, seule
dans sa voiture, nous transporte un bout de chemin. Mon ami se réveille
et monopolise la conversation dans une drague un peu surréaliste.
On se rapproche de Menton. On y arrive. On se prend à avoir peur de
ne pas retrouver nos engins à moteur. Il est bien temps !!!!
On rejoint la petite place. On fait une prière (Non, ça, je le rajoute
aujourd’hui).
Les motos sont-elles là ?
Oui, elles y sont.
Biarritz 1961
Je suis revenu du service militaire et d'Algérie (28 mois). Je me suis
acheté une 2CV Citroen toute neuve avec mes économies. Je termine mes
vacances chez tante Odette comme chaque année à Ax-les-Thermes Ariège.
En famille il a été convenu que j’aille passer quelques jours chez mon
parrain qui tient un hôtel à Biarritz, avant de repartir à Paris. Je
serais accompagné de ma cousine parisienne Annie, une brillante et belle
physicienne, un peu plus jeune que moi.
Voilà que la veille du départ, je suis parti en Andorre avec ma dernière
conquête. J’y passe une nuit voluptueuse. Je n’ai pas pu prévenir ma
famille. Le téléphone portable n’existe pas encore. Je suis disparu
des champs radars alors que l’on m’attend pour emmener cousine Annie.
J’imagine les commentaires……
Le matin, je dévale la montagne, je fonce sur Ax, dépose mon amie à
son hôtel, prend mes valises à la maison. Je rejoins penaud la famille
très académique de ma cousine. Pas le temps de me faire des reproches.
En route pour Biarritz.
Excellent séjour.
Ca y est, on repart pour Paris toujours avec ma 2cv. Peu après le départ,
sur la route nationale, nous prenons un auto-stoppeur. C’est un grand
Belge dégingandé en short avec un grand sac de montagne. Il a les genoux
cagneux. Il veut aller à Paris. Ca tombe bien, on y va aussi.
On le prendra jusqu’au bout. 800/900 km avec un étranger, ça ne va pas
être un peu long ? Surement. On n’y avait même pas pensé. On était jeune.
Au bout de quelques centaines de km, les caractères se dévoilent petit
à petit. Je ne me souviens plus du tout de la raison, mais voilà que
le Belge est en désaccord avec nous. Il nous fait des remontrances.
Il nous fait la Morale. Il est un peu « grande Gueule ». Pas un peu,
beaucoup. Aujourd’hui, il serait à « Nuit debout ». On n’en peut plus.
On regrette de l’avoir pris pour un trajet si long. Une grande galère !
On tiendra difficilement jusqu’à Paris. On tient. On arrive. Enfin.
Notre auto-stoppeur descend. Sans trop remercier.
Ouf. La grande délivrance.
Nice 1986
Je suis prof à Toulon dans une classe de BTS. Chaque fin d’année scolaire,
au mois de juin, Je suis convoqué 4 à 5 fois à Nice au Lycée Beausite
pour participer aux examens. A Toulon, nous nous regroupons entre collègues
pour remplir les voitures.
Une certaine fois, voici que je suis seul dans mon véhicule pour une
convocation un peu exceptionnelle à un jury. L’après midi se passe normalement
au travail, se prolonge dans la soirée. Terminé. Je rentre à Toulon
à la nuit tombée.
Juste à la sortie de Nice, dans la pénombre, j’aperçois une jeune fille
faisant de l’autostop. Tiens, un moyen d’agrémenter ma voiture vide,
sans arrière pensée aucune. Je m’arrête sur la droite.
La personne me dit :
« Vous pouvez me prendre pour Cannes ? »
« O.K., vous pouvez monter. »
Du coup, je regarde de plus près cette compagne. Elle est très jeune.
L’âge de mes étudiantes. Plutôt jolie. Habillée simplement et sagement:
Jean et corsage. On échange quelques paroles banales.
Très vite, je sens la jeune fille nerveuse, mal à l’aise. Je fonce sur
Cannes à 130 km à l'heure sur l’autoroute. Mon auto-stoppeuse
se trémousse sur le siège.
Elle m’apostrophe :
« Je peux vous poser une question ? »
« Allez-y. Sans problème. »
« Et bien est-ce que vous aimez faire l’amour quand c’est bien fait ? »
Alors là, je tombe des nues. Je suis tombé sur une
péripatéticienne sans y avoir songé une minute.
Sans doute une non professionnelle étant donné son
apparence. Peut-être une de mes étudiantes, en mal de
finance pour payer sa chambre. La formulation de sa demande me semble
un petit chef d’œuvre. Peut-être une phrase
préparée, répétée maintes fois.
Peut-être une improvisation très poétique
d’une étudiante en Khagne. Peut-être un dernier
recours pour éclairer la situation et arrêter cette
maudite voiture partant à toute allure sur Cannes.
« Désolé mademoiselle, je ne suis pas intéressé. Je vous dépose tout
de suite sur l’autoroute. »
Chose dite, chose faite.
Je suis très amusé de cette petite histoire. Elle va me donner un bon
sujet de narration auprès de mes amis. Effectivement ils trouvent la
chose très drôle.
Mais avec du recul, aujourd’hui, je me reproche de n’avoir eu aucune
imagination. J’aurais pu et du continuer mon travail d’examinateur.
Accepter la proposition. Mettre une note à la prestataire. Juger la
vantardise ou la réalité de son annonce de « travail bien fait »
Qu’en pensez-vous ?
Mossa 2006
Vers 2006 J’ai acheté un tableau Mossa à Paris. Une
petite restauration est à faire. J’ai confié le
travail à une spécialiste. Le travail est terminé.
Je « monte » seul à Paris en voiture pour
ramener l’œuvre tout en prenant le chemin des
écoliers et en faisant un pèlerinage concernant le
passé de ma vie.
Donc, première visite à Tournefeuille/Toulouse, berceau de notre famille
(notre ancienne magnifique maison de maître du dix-huitième
siècle, le cimetière, le monument aux morts de 14/18 (où figure
le nom de mon grand père paternel. Le pauvre!!)………etc).
Seconde visite à Thouars Deux-Sèvres où j’ai passé toute ma jeunesse
(rencontres fabuleuses d’anciennes connaissances de classe). La France
profonde.
Enfin escale à ……Bonnétable Sarthe, mon
lieu de naissance où je n’étais plus jamais revenu
depuis l’âge de ………… 2 ans. Il
n'est jamais trop tard pour bien faire.
A Paris, je retrouve mon tableau et je prends le chemin de retour pour
Toulon. Je m’ennuie un peu, seul dans ma voiture. Au quart de l’itinéraire,
vers Chalon-sur-Saône j’aperçois un auto-stoppeur. Je m’arrête.
C’est un grand jeune homme avec un sac à dos, l’air un peu bizarre.
Je regrette immédiatement de l’avoir pris avec moi. Trop tard.
Très vite, il me tient des propos inconsidérés. Il veut se rendre à
Nice pour rejoindre son père. Il était fâché avec lui mais veut reprendre
la relation. C’est qu’il était devenu SDF entretemps.
Heureusement
que prudemment, j’avais dit d’entrée en matière que je me rendais à
Lyon. Au pire, je pourrai l’abandonner dans cette ville. Je suis actuellement
sur la Nationale ayant prévu de faire Paris Lyon en RN puis Lyon Toulon
par autoroute. Je roule tranquillement ce qui a l’air de déplaire à
mon compagnon. Il voudrait que j’aille plus vite, m'en fait un véhément
reproche. Je suis obligé de dire que je conduis comme ça. C’est tout
de même ma voiture nom d’un chien. Mon hurluberlu me raconte sa vie.
« Hier, en descendant de Paris, une femme seule m’a prise en stop. Elle
avait de gros seins. Elle m’a emmené chez elle et a voulu faire l’amour
toute la nuit. Elle était sacrément chaude. Je suis crevé. Ce matin,
elle ne voulait pas que je la quitte. Mais il faut que reparte voir
mon père à Nice. »
J’apprécie très moyennement cette conversation. Euphémisme.
L’individu sort un paquet de cigarettes et veut fumer.
« On ne fume pas dans la voiture, je ne supporte pas la fumée »
Le jeune homme obéit à contre-coeur tout en maugréant. Il extériorise
une attitude de violence. La relation se détériore entre nous. Ma sécurité
n’est plus assurée. L’idée me vient qu’il est peut-être drogué tant
son discours est incohérent. Ma stratégie est d’arriver dans la ville
suivante à Villeneuve-sur-Saône, de passer au centre ville, d’essayer
de trouver un poste de police et de descendre sous un prétexte quelconque
pour aller raconter mes malheurs et trouver de l’aide pour me débarrasser
de mon intru.
« Vous roulez vraiment trop lentement. C’est insupportable. Vous devriez
prendre l’autoroute »
« Non, non. Moi je reste sur la Nationale mais si vous voulez, je peux
vous déposer tout près de l’autoroute.»
Je garde un calme parfait pour ne pas exciter davantage l’individu qui
se tortille sur son siège. Oui, il faut tenir jusqu’à Villeneuve. Encore
une trentaine de km. Ca va être long.
Voici que notre route montre une petite bifurcation pour aller sur l’autoroute.
Je propose perfidement :
« Tiens, l’autoroute est toute proche. Peut-être voulez-vous aller la
rejoindre pour trouver une voiture allant plus vite »
« Ah bien, oui. Vous n’avez qu’à me laisser là. »
Je ne me fais pas prier. La voiture stoppe. L’individu sort avec son
sac. Ouf. Sauvé. Je reprends ma route avec un immense soulagement.
Désormais, je serais plus prudent pour accueillir des auto-stoppeurs.
GR35 2012
A la retraite, je me suis lancé dans la randonnée. J’ai désormais un
sacré palmarès en la matière. (voir mes pages Randonnées).
Aujourd'hui, un de mes derniers objectifs est de faire des tronçons
du GR 4.
Le GR 4, c’est Grasse/Royan et j’ai pratiquement terminé la partie provençale
Grasse Manosque.
Mon "exploit" est de faire la marche seul, la tente dans mon
sac. Je m'arrête quand l'envie m'en prend, le soir, pour dormir.
Sur le GR, je suis pratiquement seul. Ici, ce n'est pas sur le chemin
de Saint Jacques de Compostelle!!!!
J'en suis à mon deuxième parcours Castellane Grasse. J'y rencontre
des galères pas possible : Un orage terrible à ma première nuit
avant que je n'eus pu monter ma tente pour m’abriter. Une absence de
Cafés dans les premiers petits villages rencontrés empêchant de
prendre une collation chaude le matin. Une erreur de parcours me conduisant
dans un ravin et une stupide obstination m’incitant à escalader très
dangereusement la paroi. J’ai la chance de ne pas me rompre le cou dans
cet endroit totalement désert. A la sortie du ravin, je retrouve la
trace du bon parcours mais fatigué, démoralisé, je décide de faire demi
tour.
Lors de cette dernière épreuve, je redescends donc sur Entrevaux réfléchissant
à deux options : Abandonner mon parcours et téléphoner à Daniele de
venir me chercher en voiture. Reprendre le parcours en compensant l’épisode
du ravin par un petit auto-stop pour m’avancer. J’atteins la route goudronnée.
Je choisis finalement le second point.
Sur la route d’Entrevaux, je lève le pouce pour récupérer une voiture.
Très vite, une auto s’arrête. C’est une charmante conductrice qui me
propose de m’emmener.
«J’habite à Toulon Je fais de la randonnée comme ma tenue et mon sac
à dos le montrent. Je termine le tronçon provençal du GR 4 Grasse/Royan.
Je viens de connaître une galère pas possible dans un ravin. Pouvez-vous
m’avancer un peu dans la direction d’Aiglun ? »
« O.K. Je vais faire un détour pour vous amener à Mauppil. Vous avez
de la chance de faire de la marche comme ça.»
« Oui. Et vous, vous habitez la région? Peut-être pratiquez-vous aussi
la rando dans cette magnifique région? »
« Effectivement, j’habite x (je ne me rappelle plus du nom). Je suis
institutrice dans le village. J’ai fait beaucoup de marche avec mes
amis, avec mon mari. Mais je suis désormais divorcé et j’ai moins de
temps pour mes loisirs »
Je dévisage la jeune femme. Elle a une trentaine d’années. Elle est
belle. Toute fine et naturelle. De beaux yeux intelligents et chaleureux.
Un magnifique sourire très charmeur. Je me désole pour sa séparation.
Tout en ne connaissant rien de ce jeune couple, je condamne sans doute
injustement le garçon qui a pu laisser s’échapper une pareille perle.
Elle me dépose à l’endroit prévu. Je lui demande de la prendre en photo.
Elle acquièce tout sourire. La photo doit se trouver quelque part dans
les pages Randonnées de mon WebSite.
Je monte ma tente. L'orage gronde comme chaque soir.
Demain, je repartirai vers Aiglun.
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